Les jésuites à Cayenne

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CHAPITRE IX — LES CONCESSIONS

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« Le logement est séparé en deux par une cloison de gaulettes. Dans la cour se trouve la cuisine, indépendante du corps de logis. P a r t o u t règne une grande propreté. Sur un buffet en acajou, auquel il ne manque que la vaisselle pour en faire un meuble de luxe, s'étalent des assiettes en porcelaine anglaise aux couleurs voyantes. Une table et quelques chaises forment le reste du mobilier de la première pièce. « La chambre à coucher est garnie d'un lit et d'une armoire en bois de couleur, d'un berceau où dort un enfant, q u ' u n moustiquaire de gaze met à l'abri des insectes. « U n Christ avec un rameau bénit, un petit tableau de sainteté, naïvement enluminé, pendent au mur. T o u t respire l'aisance. « Le jardin est bien entretenu ; le maïs montre ses longues feuilles et ses graines dorées, le bananier balance son régime prêt à être cueilli, les giromans courent sur le sol, les barbadines grimpent aux treilles, le manioc a sa place au potager, ainsi que les patates douces, les choux et la salade. « Dans la basse-cour, un essaim de poulets et de canards picorent des grains et fouillent la terre humide pour y chercher des insectes; parfois on y trouve même une étable où grognent de petits cochons, à côté d'une vache qui mange une brassée d'herbe fraîchement coupée sur les bordures de l'abattis. « C o m m e le disait un visiteur, c'est un tableau champêtre, une idylle vivante et douce à contempler ! « Un spectacle non moins intéressant est celui qu'offrent ces centaines d'ouvriers qui, chaque jour, vont régulièrement accomplir leur tâche, soit à l'abattis sous les ardeurs du soleil, soit à l'atelier de l'administration sous la direction de leurs chefs et des contre-maîtres. « T o u t marche au son de la c l o c h e : c'est elle qui


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