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LES JÉSUITES A CAYENNE
qu'il n'eût d'autres ressources que le feuillage et les fleurs de la forêt; mais il n'épargnait pour cela ni fatigues, ni courses. Il venait ainsi de se dépenser sans mesure pour donner plus d'éclat à la solennité de Pâques, quand deux jours après il fut repris d'un mal qui déjà l'avait fait souffrir plusieurs fois ; il fut enlevé au bout de trente-six heures d'horribles souffrances, qui ne purent lasser sa patience ni troubler sa sérénité ! Même sur son lit de mort, il restait a p ô t r e : à un transporté qui venait le voir, il d i t : « P o u r q u o i tardez-vous toujours à vous convertir? je vous conjure de penser à votre âme, je prierai pour vous au ciel ! » Cette parole s'enfonça comme un trait dans le cœur du condamné !... Le bon Frère eut de belles funérailles, auxquelles prirent part tous les transportés. Sa tombe fut creusée à côté de celle du P . Morez. La maladie atteignit le P. Jardinier à son t o u r : miné par la fièvre, il dut revenir à Cayenne pour y prendre quelques semaines de repos avant de partir pour la nouvelle colonie qui venait d'être établie sur les bords du Maroni et où nous allons maintenant conduire notre lecteur.