Les jésuites à Cayenne

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C H A P I T R E VII

LA

MONTAGNE-D'ARGENT

S

UR le pénitencier de la Montagne-d'Argent, atteint le dernier par la fièvre jaune, le fléau n'avait laissé vivants que quatre-vingt dix transportés, la plupart languissants et minés par la fièvre paludéenne. Lors de sa visite, le Gouverneur déclara que si le dernier convoi de deux cents hommes qu'on allait envoyer à la Montagne ne résistait pas mieux au climat, on abandonnerait définitivement le pénitencier. Ce dernier essai fut plus heureux, et l'on put augmenter l'effectif jusqu'à quatre cents hommes en 1858. Pourtant depuis sa fondation en 1852 jusqu'en 1857, la Montagne avait dévoré cinq cent cinquante de ses habitants, dont deux cent dixsept de la fièvre jaune. Encore si l'aumônier eût pu librement exercer son ministère ; mais souvent il ne rencontrait de la part de l'administration q u ' u n mauvais vouloir à peine dissimulé ! C o m m a n d a n t s , médecins, surveillants se m o n traient hostiles à la religion et traitaient d'hypocrites ceux qui en suivaient les préceptes. On allait m ê m e jusqu'à défendre aux transportés d'aller voir le Père sans être accompagné d'un surveillant... P a r ses démarches actives, le P . Leroy obtint l'abolition de cette mesure, qui annihilait complètement l'action de l'aumônier. 9


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