Les jésuites à Cayenne

Page 136

116

LES JÉSUITES A CAYENNE

piété, sa douceur et sa fermeté patiente il entretint le bien commencé par son prédécesseur, mais non sans avoir à lutter contre le mauvais vouloir d'un jeune commandant, plus ami du plaisir que du devoir ! Vers ce temps, 20 juillet 1 8 6 1 , le P . Gaudré, qui était venu exercer quelque ministère à l'Ilet-la-Mère, fut pris d'un vomissement de sang si violent qu'on jugea prudent de lui donner l'extrême-onction. A cette nouvelle, les transportés, qui aimaient le P . Gaudré au delà de toute expression, accourent en foule au presbytère. Le malade ému leur adresse alors quelques paroles d'adieu : « Mes chers enfants, leur dit-il, me voici à la fin de ma carrière, mais je suis content. Le Maître que j'ai servi remplit en ce m o m e n t mon âme de joie. Mes amis, retenez bien ces mots : Servir Dieu, c'est le tout de 1 n o m m e ; tout le reste n'est rien. Je le vois, je le sens plus que jamais! Aimez D i e u , mes e n f a n t s ; je vous donne rendez-vous près de L u i ; n'y manquez pas. Je prie Notre-Seigneur, présent ici, de vous bénir... » A ces mots, tout le monde tomba à genoux et le moribond les bénit de sa main défaillante !... Cependant, dans tout le pénitencier, les transportés priaient avec ferveur, suppliant Dieu de leur conserver un Père si dévoué. Leur prière fut exaucée et le Père Gaudré, ramené des portes du tombeau, put reprendre bientôt le chemin de Cayenne. Mais la maladie avait tellement affaibli son tempérament qu'il n'était plus que l'ombre de l u i - m ê m e : ses forces devaient trahir son courage et son ardeur de missionnaire !


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.