Les jésuites à Cayenne

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LES JÉSUITES A CAYENNE

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Un peu plus tard, le P . Garnier écrivait à son Supé-

rieur:

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« La solennité des Quarante-Heures a été aussi édifiante que possible. On a vu avec joie le personnel libre donner pour la première fois le bon exemple. M. le commandant, M. le lieutenant-commandant des troupes ont fait les premiers leur demi-heure d'adoration, à l'issue de la grand'messe. Cinq surveillants, deux gendarmes, huit soldats (c'est toute la garnison) les ont suivis. Chaque demi-heure du temps destiné aux transportés a été occupé par six d'entre eux, qui se sont ainsi succédé jusqu'au nombre de quarante-deux. Ceux qui n'avaient pas été convoqués se sont plaints d'avoir été oubliés. « U n e autre fois, les surveillants ont été « unanimes », comme l'écrivait leur chef, dans l'accomplissement d'une œuvre si propre à édifier les malheureux, qu'ils sont appelés à moraliser. » Les Pâques suivantes furent le fruit signalé de ces belles d i s p o s i t i o n s : sur 38o hommes, 228 eurent le bonheur de remplir leur devoir de chrétiens ; c'était presque les deux tiers de l'effectif. Ainsi se rapprochaient pieusement de Dieu les pauvres vieillards invalides qui avaient été envoyés en convalescence dans le paradis de la Guyane. Une dévotion chère à leurs cœurs était la dévotion à Marie, qui parfois se plaisait à leur accorder une assistance quasi miraculeuse, témoin le fait suivant : Six évadés étaient parvenus à s'emparer d'une petite embarcation et, munis de quelques provisions, ils s'étaient livrés au caprice des flots. Entraînés au large par le courant, les six malheureux eurent bientôt épuisé leurs forces dans la lutte; abandonnant rames et gouvernail et désespérés, ils se couchent au fond de l'embarcation, attendant une mort qui ne pouvait tarder. Dans 1 L e t t r e du 12 février 1858.


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