Les jésuites à Cayenne

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L E S J É S U I T E S A CAYENNE

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pas craint, pour les faire triompher, de dépenser une partie de sa fortune ! Dieu eut pitié de lui et, dans sa miséricordieuse Providence, permit que le bagne devint pour cet infortuné le chemin du ciel ! » Au plus fort de l'épidémie, deux convois de transportés arrivèrent à la Guyane. Ils furent plus que décimés. Sur cinq cents condamnés venus à bord de l'Africaine, quatre cents au moins avaient succombé avant la fin de l'année. Les pénitenciers de la Comté n'avaient pas tardé à être envahis par la contagion. Le P . Beigner rendant compte à son Supérieur de la situation de ces contrées, lui disait: « N o u s sommes dans le plus extrême embarras. Il faudrait deux aumôniers à Sainte-Marie; le P . Berriaud est seul dans ce pénitencier, peuplé de onze cent cinquante personnes, dont cent trente malades ; de plus, il doit se rendre chaque jour à Saint-Augustin, où les malades sont encore plus nombreux. Je l'ai remplacé pendant treize j o u r s ; dans ce court espace de temps, j'ai eu vingt-trois décès à Sainte-Marie, sans parler des morts de Saint-Augustin. » 1

Dans toutes les lettres, les Pères, à l'envi, rendent hommage au dévouement et à la charité des Sœurs de S a i n t - P a u l . Grâce à leurs soins intelligents, nous verrons le P . Thibault arraché à une mort presque certaine. Le P . Alet avait remplacé, à Sainte-Marie, le P . Raulin, que nous avons vu tomber les armes à la main. Vers le milieu de septembre, le nouvel aumônier avait la douleur de perdre, après trois jours de maladie, le compagnon de son zèle et de ses travaux, le F. Mouton. En annonçant cette triste nouvelle au P . Dabbadie, le 1

L e t t r e du mois d ' a o û t 1855.


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