Manuel pratique du planteur de canne à sucre

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MODE DE CULTURE

toute saison, depuis le point du jour j u s q u ' à la nuit, livrés aux plus rudes travaux, sous les rayons du soleil le plus ardent, et généralement au milieu du limon et des eaux stagnantes. N ' y a-t-il pas dans toutes ces contrées des fièvres malignes, des dyssenteries et d'autres maladies

mortelles

aussi redoutables et même plus dangereuses que celles qui sévissent aux Indes occidentales ? Des laboureurs européens pourraient-ils supporter une seule semaine de travail dans de tels pays? Non, certainement. J e suis convaincu que les Chinois trouveront les Indes occidentales aussi salubres et aussi agréables qu'ils peuvent le désirer. § 2 2 . — Grande supériorité du laboureur

chinois.

J'ai souvent pensé, en voyant, dans une des colonies des 1

détroits, un Chinois travailler à sa t e r r e , combien j'aimerais à voir une demi-douzaine de nègres esclaves travaillant pendant toute une journée, à côté du même nombre de Chinois, tous armés de la pioche de leur pays (chankol), alors que le thermomètre marque 23 degrés dans l'intérieur des appartements les plus frais. Cette supposition, dont je me suis souvent occupé, m'a laissé la ferme conviction qu'aucun nègre ne pourrait supporter cette fatigue pendant toute une journée ; il serait épuisé rien que par le poids de sa houe, tandis que Jean le Chinois travaille avec le môme instrument sans aucun effort et sans fatigue apparente. Ceci n'est point une comparaison faite à la légère; j e suis persuadé qu'elle est parfaitement exacte ; c'est ce que le planteur (1) Il faut remarquer qu'un Chinois qui travaille à sa propre terre où à l'entreprise n'est pas du tout le môme homme que celui qui travaille à la journée et pour un salaire.


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