Manuel pratique du planteur de canne à sucre

Page 115

97

DE LA CANNE.

Mais le surveillant d'aujourd'hui n'est

plus l'homme

rude et grossier d'autrefois ; il est en général de bonne famille; il a reçu une bonne éducation ; le plus souvent, il a fait toutes ses classes ; c'est par conséquent un esprit supérieur, un homme éclairé. Cependant cette classe d'hommes est traitée à peine avec plus d'égards que n'en éprouvaient ceux auxquels elle succède; ils doivent faire

ce qu'or-

donne le procureur, quand même ses ordres sont arbitraires et préjudiciables aux intérêts du propriétaire; a u trement ils perdent leur position, et sont exposés à rester des mois entiers sans emploi. Il n'y a entre le surveillant et le procureur

aucune communication

suivie,

aucun

échange d'avis concernant la prospérité de la plantation ; il n'y a du moins rien qui mérite ce titre. E n effet tout le système s'oppose entièrement à ce qu'ils se traitent réciproquement avec confiance et considération. Le procureur emploie un surveillant pour qu'il mène la plantation à sa guise ; le surveillant ou régisseur doit suivre en tout les volontés du procureur. D'un autre côté le surveillant doit chercher en tout à servir les intérêts et à améliorer la p o sition de celui qui l'emploie ; il ne connaît en cette qualité que le procureur, auquel il doit chercher à plaire par tous les moyens possibles. Il sait qu'à tout moment, avec ou sans motifs, le procureur peut le renvoyer; faut-il s'étonner s'il évite de rien faire ou de rien dire qui puisse blesser celui dont sa place dépend? On comprend qu'il peut y avoir quelques procureurs faisant exception à une règle malheureusement trop générale, je suis forcé de le dire. J e ne prétends pas non plus qu'une surveillance supérieure ne soit pas nécessaire; je pense au contraire que le propriétaire, ou le procureur qui 7


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.