DE LA CANNE.
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socié, et que son intérêt privé était engagé dans l'opération. J'ai su que la même exploitation payait, par les mêmes raisons, ses mules 20 à 25 livres sterling (500 à 525 fr. ), alors qu'elle aurait pu en acheter de plus fortes, meilleures sous tous les rapports, dans son voisinage, au prix de 425 à 450 francs. Mais ce qui se passe dans cette plantation, estce un cas isolé ? N'est-ce pas, de notoriété publique, l'usage commun à la Jamaïque? Tout planteur sait que c'était (c'est probablement encore) le système en vigueur, avec des fraudes encore plus grandes et plus étendues; c'est général, tout le monde le sait. Assurément l'exposé de ce système jette un grand jour sur le mystère de l'état anti-progressif des plantations à la Jamaïque ; j ' e n dis autant de la persévérance routinière dans l'emploi des moulins tournés par des animaux ; de l'usage d'entretenir trop de bestiaux sur les plantations ; de la répulsion pour toute amélioration dans la manière de fumer les terres et de fabriquer le sucre ; de l'absence de toute attention
quant à ce qui
touche au bien-être et à la conservation des mules et des bêtes à cornes. Il est reconnu qu'à la Jamaïque un bon bœuf et une bonne vache peuvent en moyenne, sous l'empire de circonstances favorables, travailler pendant 10 ans ; avec un peu plus de soins, leur temps de service peut durer 15 ans ; tandis qu'une mule, même assez négligemment soignée, fournit une carrière de travail de 20, 30 et même 10 ans. J'ai eu en ma possession quatre mules de l'âge de quarante-cinq à cinquante ans, constaté par les preuves les plus authentiques ; toutes les quatre faisaient leur tour d'attelage comme les autres régulièrement. C'est un grand avantage pour le propriétaire que d'avoir des animaux dont les services peu-