Essai sur la question coloniale à la Guyane française

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— 182 — l'esclavage qu'il n'en est pas un seul, je ne crains pas de l'affirmer, qui n'accueillît avec empressement, qui ne reçût avec reconnaissance toute innovation qui garantirait l'ordre et le travail, et qui permettrait de continuer l'exploitation à des conditions raisonnables pour tous les intérêts. En dehors de cet ordre d'idées, toute réforme serait perturbatrice, antisociale, et l'on ne saurait les blâmer de ne pas l'admettre. Tout système qui ne tendrait qu'à émanciper sans coloniser ne saurait convenir à la Guyane et ne serait pas acceptable ; il ne faudrait donc pas s'étonner qu'elle ne marchât pas spontanément dans une voie qui la conduirait infailliblement à un anéantissement complet. Si elle était forcée de se placer sur ce terrain, faible, malheureuse, sans défense et sans sympathie, il faudrait bien sans doute qu'elle se résignât; mais, comme la victime qu'on ne consulte pas, et dont on étouffe les cris d'angoisse, elle suivrait le sacrificateur à l'autel pour l'expiation d'un crime qu'elle n'aurait pas commis seule; elle donnerait son sang, puisqu'elle y serait contrainte ; mais c'est aussi tout ce qu'elle donnerait et tout ce qu'on pourrait exiger d'elle, car l'adhé-


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