Essai sur la question coloniale à la Guyane française

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— 176 — d'accord avec ces vues que de diminuer la masse des cultivateurs, alors que la colonie manque de bras, et que la population agricole est hors de toute proportion avec les besoins des cultures, dans les limites mêmes de l'exploitation actuelle ; alors que tout souffre, que tout fonctionne péniblement par suite de cette pénurie? Est-ce conserver, améliorer, féconder cette riche terre que de lui retirer l'agent qui la vivifie, avant de s'être mis en mesure de le remplacer? C'est créer le mal, sans réaliser le bien; car le bien ne peut consister à rendre à la nature sauvage ce que la civilisation a conquis sur elle. Que gagnent, au surplus, la morale et l'humanité à ces affranchissements partiels? Rien, car ce ne sont pas les plus méritants, les plus laborieux, ceux dont les mœurs sont le plus régulières, et sur qui pèse le plus l'esclavage, qui sont rachetés. Les affranchis par ce moyen sont, en général, ceux qui ont le moins de titres à jouir de ce bienfait : ce sont quelques hommes qui, pour la plupart, seraient fort embarrassés s'il fallait assigner à leur pécule une source honnête, morale, légitime; ce sont quelques femmes dont on paye parle rachat les complaisances. Je ne sais si je me trompe, mais


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