Essai sur la question coloniale à la Guyane française

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— 6 — a jamais songé à confier le soin de défendre la propriété et les institutions qui la consacrent et la garantissent à ceux qui n'ont que leurs bras pour richesse, et qui sont le moins intéressés à maintenir l'harmonie d'une combinaison sociale qui fait leur part si minime dans la somme totale du bien-être? Est-ce que, à toutes les époques, dans tous les systèmes, la classe privilégiée qui a le pouvoir, et qui a intérêt à conserver un ordre de choses qui lui attribue la plus large part, ne dépasse pas parfois et surtout dans les crises la limite de ce qui est juste et raisonnable? Est-ce que partout, dans ces crises, il ne lui arrive pas de se montrer plus ou moins sévère dans la répression, plus ou moins indulgente dans l'absolution, suivant que les délits se produisent en faveur ou contre son principe? C'est là ce qui a été, ce qui est, et ce qui sera longtemps encore, tant que des hommes ayant des passions seront réunis, et qu'on n'aura pas trouvé le moyen d'établir un équilibre parfait entre les sentiments et les intérêts divers qui s'agitent nécessairement dans la vie sociale. Que prouve donc, en définitive, tout ce qu'on peut remarquer d'anormal dans la société colo-


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