Essai sur la question coloniale à la Guyane française

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— 154 — ment de tes semblables. » En dehors de cette borne, posée par la main de Dieu, il y a crime. Aussi, si l'appropriation du sol, par exemple, entre les mains de quelques-uns est nuisible à d'autres, elle n'est pas plus légitime que l'appropriation du travail de l'homme. Croit-on, en effet, que le droit qui donne la terre au petit nombre à l'exclusion du plus grand nombre, et qui, comme cela se voit en certains pays, condamne, par cette dépossession de la masse, des milliers d'individus à périr de faim et de misère, ne soit pas aussi exorbitant que celui qui attribue le travail d'un homme à un autre homme à la condition de le faire vivre et de pourvoir à tous ses besoins ? On ne peut juger du droit que par le but, et de ses limites que par les droits parallèles qui pourraient être heurtés dans l'exercice de ce droit. Or, quel est le but de tout homme? C'est le développement de la vie. Quel est le droit parallèle qui marche côte à côte avec ce droit et qui se propose la même fin? C'est le développement de la vie de l'ensemble de l'espèce. Nul ne peut donc porter atteinte à ce développement sans crime. Qu'importe, dès lors, que l'homme nuise à l'homme son semblable, soit


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