Essai sur la question coloniale à la Guyane française

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— 106 — un grand nombre d'ateliers étaient composés, en majeure partie, de noirs de traite. Ces noirs de mœurs bien différentes des nôtres, à moitié sauvages, habitués à la guerre et peu au travail, ne connaissant pas notre langue, ne sachant pas trop ce qu'on voulait faire d'eux, impatients d'ailleurs d'un joug qui leur imposait l'obligation de travailler, n'apercevant pas, à portée, une force matérielle capable de les maintenir et de leur en imposer; ne comprenant pas le pouvoir moral du maître, car, pour eux, le pouvoir se mesure par la force matérielle visible; voyant en outre devant eux l'immensité des forêts de la Guyane sans que rien pût les empêcher d'y pénétrer, désertaient l'atelier, souvent en masse, quand il ne leur arrivait pas de se révolter contre l'administrateur. Le maître, de son côté, pour prévenir ou réprimer les écarts et la fuite, se montrait parfois d'une rigueur excessive et employait, pour maintenir l'ordre, des moyens qui répugnaient à l'humanité, Voilà ce qu'on voyait il y a de vingt à trente ans ; mais il faut dire qu'aujourd'hui les choses sont bien changées, et que l'esclavage est aussi doux qu'il a pu être dur autrefois. Il est certain que, sur


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