Essai sur la question coloniale à la Guyane française

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— 95 — sance dans les dernières années a été un peu moindre. Je ne conteste pas non plus que le libertinage et l'esclavage ne contrarient la marche régulière et progressive de son développement ; mais je ne puis admettre qu'ils expliquent sa décroissance; car, comme l'esclavage, les mœurs de la Guyane existent également aux Antilles, et cependant, à la Martinique et à la Guadeloupe, la population esclave se maintient, et même s'accroît dans l'une de ces colonies. Au reste, quant au libertinage, s'il est vrai que la prostitution altère la faculté génératrice et rende stérile; s'il est vrai qu'elle s'oppose à la fécondation, ce serait se tromper grossièrement que d'assimiler les femmes esclaves des colonies aux prostituées de nos sociétés civilisées. Leurs mœurs sont extrêmement libres, et elles se livrent facilement, j'en conviens, mais elles ne se vendent pas; en général, tout calcul d'intérêt n'est pour rien dans leur abandon. Elles se donnent pour obéir à un penchant, à un désir, à un besoin plus ou moins vif des sens, mais non pas par métier. Les noirs esclaves se prennent et se laissent sans formalité, par caprice et par fantaisie, et ils restent ensemble tant que ce caprice


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