Les richesses de la Guyane Française et de l'ancien contesté franco-brésilien : 11 ans d'exploration

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LA GUYANE FRANÇAISE ET L'ANCIEN CONTESTÉ FRANCO-BRÉSILIEN

cette barrière de gueules ouvertes, qui leur

ferme

toute

autre

issue. On fait encore en cette saison de bonnes pèches en fermant les petits cours d'eau par de petits barrages de baguettes et de pieux légers, auprès

desquels le poisson,

fuyant

la sécheresse,

vient

s'accumuler. Vers l'embouchure des fleuves, on installe à demeure, sur les rives sablonneuses que les marées couvrent et découvrent successivement, des barrages en bambous ou en gaulettes, où l'on jette les déchets de cuisine et toutes sortes de choses qui peuvent attirer le poisson. A la marée montante, par une large ouverture,

les

poissons rentrent dans le barrage. A la pleine mer. on ferme la porte au moyen d'une corde ou de tout autre système, et, quand les eaux se retirent, elles laissent le poisson à sec sur le sable, où on n'a plus qu'à le ramasser. Dans les habitations riveraines, notamment chez feu M. Bar, au Maroni, ce genre de pèche bien facile, donnait d'excellents résultats. On y prenait, au moyen de paniers, des quantités d'une espèce de grosse Crevette d'eau douce, délicieuse à manger. A la fin de la sécheresse, quand les eaux très basses s'accumulent dans les parties déclives des savanes, on y trouve le poisson en si grande abondance, quelquefois dans de simples flaques d'eau où il grouille, qu'on peut le prendre à la main sans difficulté. Ce sont principalement des Atipas, des Curites (Callichtys-Aspredo hypostomus) famille des Cuirasses ( 10 à 12 centimètres de long sur 3 à 5 centimètres d'épaisseur.)

Ces poissons s'enfoncent dans la vase

molle du sous-sol où ils peuvent vivre un certain temps sans venir respirer,

mais obligés de venir prendre l'air de temps en temps,

ils grouillent dans la mare de la surface ; c'est ce qui explique que pendant des mois entiers . les indigènes envoient

tous les

jours

en remplir des seaux ou d'autres récipients sans que pour cela on les voit sensiblement diminuer. D'ailleurs, quand l'hiver revenu transforme les savanes en vaste lacs, les Atipas se multiplient vite. Ils se construisent un nid entre deux eaux de 15 à 29 centimètres de diamètre avec des algues entremêlées d'herbes et d'écume, où


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