LA GUYANE FRANÇAISE ET L'ANCIEN CONTESTÉ FRANCO-BRÉSILIEN 169 le Para où la cargaison est aussitôt vendue. Le Parassi, ainsi préparé, est de beaucoup supérieur à la Morue. Au surplus, son prix de revient est moins élevé. La vie nomade de ces pêcheurs est des plus attrayante pour eux. Ils vivent dans l'abondance et la bonne chère. Le soir, ils rentrent dans les fleuves, ou les rivières de la côte où ils ont des campements provisoires pour la préparation et le séchage du poisson. Ils font leur provision de bois et d'eau douce et reparlent joyeux. Entre temps, ils font aussi la chasse aux Sarcelles dont nous avons déjà parlé et la chasse aux Aigrettes, pour leur viande et leurs plumes précieuses. La pèche étant abondante, quelques-uns ont le temps d'aller vendre une première
cargaison à Counani, à Mapa.
ou à Carsevenne, et alors on danse, on boit, on chante, on s'amuse au son de la mandoline, de l'accordéon, du violon, du rebec et de la clarinette. Nombreux sont les saints du calendrier qui sont ainsi fêtés, du coucher au lever du soleil. Vers l'embouchure des fleuvesdu Maroni à l'Oyapock el à l'Araguary, la pêche du Machoiran est très abondante. On la fait à la ligne à main ou au moyen de flotteurs formés d'une grosse Calebasse vide revêtue d'un filet sur lequel on attache une ou deux lignes de différentes longueurs portant à leur extrémité deux gros hameçons amorcés
avec des poissons ou un
morceau de viande saignante. Cette pèche est très divertissante. On abandonne au courant, de ci de là, cinq ou six de ces engins et les pêcheurs
immobiles dans leur pirogue
surveillent activement les
flotteurs, comme une araignée surveille sa toile. Soudain, une des calebasses s'enfonce, reparait, disparait de nouveau et fuit
éper-
dûment à la surface des eaux. Un poisson est pris. La pirogue s'élance sous l'effort
des pagaïes et les pêcheurs suivent un moment
sa course désordonnée. Le Machoiran se fatigue vite et finit par se laisser approcher. On le capture alors facilement, au moyen d'un harpon ou d'un crochet aigu qui le ramène auprès de l'embarcation où un vigoureux coup de machette (sabre) derrière la tête le réduit à l'impuissance. Dans les lacs du Contesté, où les eaux sont claires, la pèche si intéressante des Curys se fait surtout au moyen d'un harpon à plusieurs branches, fixé
à l'extrémité d'un long manche de 3 à 4 mètres.
Sur l'armature du harpon est fixée une ligne de 2 à 300 brasses de long qui longe le manche en passant dans une
filière.
L'embarca