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LA GUYANE FRANÇAISE ET L'ANCIEN CONTESTÉ FRANCO-BRÉSILIEN
à l'entrée principale ; il ne tarde pas à grogner et à sortir. Au moment où il paraît, à demi-asphyxié, on le
tue d'un coup de
sabre. Dans les bois secs et creux, c'est encore plus facile ; on bouche
l'entrée
avec
un sac
maintenu
par
un
homme
et
on
ouvre à la hache, sur le tronc, le plus souvent vermoulu, un trou suffisant
pour tuer l'Agouti, qui
ne peut plus se retourner, ou
avec une longue gaule, on l'oblige à reculer ou à sortir jusque dans le sac où il se trouve pris vivant. La chasse aux Singes est une des plus vont toujours par
bandes
faciles. Ces
nombreuses. Ils sautent et
animaux cabriolent
de branche en branche, d'un arbre à l'autre, et signalent toujours leur présence aux chasseurs par leurs cris particuliers, ou le bruit qu'ils font en cueillant et mangeant les fruits dont ils sont friands, et
qu'ils laissent tomber en grand nombre du haut des arbres
pour le plus grand profit des rongeurs. Agoutis et autres, qui les suivent à terre. Les Coatas et les Macaques sont les plus estimés. Aussitôt que le chasseur est éventé par eux, ou bien
à son pre-
mier coup de fusil, on les voit courir sur les grosses branches, et, arrivés à leur
extrémité flexible,
s'aidant de leur balancement,
s'élancer d'un
seul
à huit et dix mètres de
bond
en
distance,
sur un grand arbre voisin. Rien n'est plus
curieux
que
cette gymnastique
désordonnée,
dans l'enchevêtrement et les arabesques des branches, des lianes et des palmes. Dans leur précipitation, quelques-uns manquent le but visé et dégringolent
assez
bas dans
les feuillages
inférieurs ;
c'est
le
moment de les tirer en les poursuivant. Les femelles qui portent un petit déjà gros sur le dos, se laissent ainsi surprendre quelquefois. La mère, blessée à mort, tombe, entraînant à terre son petit, qui pousse des cris aigus, cramponné après elle. L'agonie
quasi
humaine de ces pauvres êtres n'a pas été sans me toucher bien des fois. On ne chasse le Singe rouge ou Singe hurleur, que pour se procurer
les magnifiques fourrures d'un rouge
ardent
doré des
femelles, qui feraient de si belles capes pour nos belles blanches d'Europe.