Les richesses de la Guyane Française et de l'ancien contesté franco-brésilien : 11 ans d'exploration

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LA GUYANE FRANÇAISE ET L'ANCIEN CONTESTÉ FRANCO-BRÉSILIEN

à l'entrée principale ; il ne tarde pas à grogner et à sortir. Au moment où il paraît, à demi-asphyxié, on le

tue d'un coup de

sabre. Dans les bois secs et creux, c'est encore plus facile ; on bouche

l'entrée

avec

un sac

maintenu

par

un

homme

et

on

ouvre à la hache, sur le tronc, le plus souvent vermoulu, un trou suffisant

pour tuer l'Agouti, qui

ne peut plus se retourner, ou

avec une longue gaule, on l'oblige à reculer ou à sortir jusque dans le sac où il se trouve pris vivant. La chasse aux Singes est une des plus vont toujours par

bandes

faciles. Ces

nombreuses. Ils sautent et

animaux cabriolent

de branche en branche, d'un arbre à l'autre, et signalent toujours leur présence aux chasseurs par leurs cris particuliers, ou le bruit qu'ils font en cueillant et mangeant les fruits dont ils sont friands, et

qu'ils laissent tomber en grand nombre du haut des arbres

pour le plus grand profit des rongeurs. Agoutis et autres, qui les suivent à terre. Les Coatas et les Macaques sont les plus estimés. Aussitôt que le chasseur est éventé par eux, ou bien

à son pre-

mier coup de fusil, on les voit courir sur les grosses branches, et, arrivés à leur

extrémité flexible,

s'aidant de leur balancement,

s'élancer d'un

seul

à huit et dix mètres de

bond

en

distance,

sur un grand arbre voisin. Rien n'est plus

curieux

que

cette gymnastique

désordonnée,

dans l'enchevêtrement et les arabesques des branches, des lianes et des palmes. Dans leur précipitation, quelques-uns manquent le but visé et dégringolent

assez

bas dans

les feuillages

inférieurs ;

c'est

le

moment de les tirer en les poursuivant. Les femelles qui portent un petit déjà gros sur le dos, se laissent ainsi surprendre quelquefois. La mère, blessée à mort, tombe, entraînant à terre son petit, qui pousse des cris aigus, cramponné après elle. L'agonie

quasi

humaine de ces pauvres êtres n'a pas été sans me toucher bien des fois. On ne chasse le Singe rouge ou Singe hurleur, que pour se procurer

les magnifiques fourrures d'un rouge

ardent

doré des

femelles, qui feraient de si belles capes pour nos belles blanches d'Europe.


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