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LA GUYANE FRANÇAISE ET L'ANCIEN CONTESTÉ FRANCO-BRÉSILIEN
font les nègres Boschs et Bonis et les Indiens
avec des
chiens
dressés à cet effet sur le Maroni et ses grands affluents. Deux hommes sont
dans une pirogue descendant lentement et
sans bruit le courant d'une rivière, en longeant l'une
des rives.
Deux ou trois chiens se tiennent à l'avant de l'embarcation, debout, le nez en l'air, humant les odeurs ou écoutant les bruits qui
leur
arrivent de la forêt. Soudain, ils aspirent l'air fortement, comme pour avertir les chasseurs, s'élancent à l'eau, nagent vers la rive et disparaissent dans les fourrés. Un des deux hommes saisit doucement
une branche qui pend vers l'eau ; la pirogue s'arrête, et
tous les deux attendent et écoutent. Ils n'attendent pas longtemps. Les chiens donnent
de la voix
en aval ou en amont ; vite,
les
pagaïes ploient en s'enfoneanl dans le courant et la pirogue s'élance et s'écarte de la rive, suivant autant que possible sur la rivière, une direction parallèle à celle suivie par la chasse dans le bois. A ce moment, les chasseurs savent, d'après l'allure et l'aboiement de leurs chiens, à quelle espèce de gibier ils ont affaire. Les chiens se rapprochent. Attention ! Comme une flèche, un Daim de la r i v e , et plonge
s'élance
dans les eaux du fleuve où il disparait un
moment, nageant sous l'eau, pour dépister les chiens qui arrivent un à un et sautent à l'eau derrière lui. Les hommes de la pirogue debout, la pagaïe à la main,
l'apparition sur l'eau
attendent
du
fugitif, qui ne tarde pas à venir respirer. Sa tète apparaît, là-bas, à trente ou quarante mètres environ de la rive. Les chiens 1
distancés, déroutés le plus souvent ; les chasseurs.
La pirogue s'élance
sont
mais alors, entrent en scène de nouveau, sous
l'effort
des
pagaïes, savamment dirigée, de façon à couper la route au daim, surtout à l'empêcher de gagner la rive opposée
ou un bas-fond où
il pourrait les distancer par des bonds prodigieux. Sur le d'être atteint, l'animal replonge ; mais il se fatigue vite et entre les chiens et le canot, il est bientôt à bout de force.
point pris 11 se
laisse prendre par un nœud coulant de liane qu'un des canotiers lui passe habilement autour du cou. Maintenu contre le bord du canot, il ne reste plus qu'à l'égorger ou lui envoyer une balle. Quand les chasseurs ont affaire à un Tapir, à un Agouti ou à un Pac, animaux qui nagent et plongent comme des Loutres, le canot se tient à peu de distance de la rive en suivant la chasse et l'un des