Les bagnes : Histoire, Types, Mœurs, Mystères

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M, LE COMMISSAIRE DU BAGNE DE TOULON, ETC.

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tion par une famille, par une commune ou par un chef d'atelier. Nous devrions croire qu'un tel exemple dût assurer à son auteur sinon l'admiration de tous, du moins l'encouragement des hommes les

moins faciles

à convaincre.

Eh b i e n ,

non!

le

paradoxe;

est tellement enraciné dans la question pénitentiaire, on est tellement prévenu contre tout ce qui n'appartient pas à un nouvel ordre d'idées, qu'on a fait le procès à la correspondance

entre

l'administration et la famille; et nous retrouvons ces lignes singulières sous la plume d'un écrivain que nous avons souvent eu occasion de citer avec une vive satisfaction : «On a porté la sollicitude jusqu'à écrire, en faveur des forçats, aux maires de leurs villes. et même à forcer leurs parents à

retran-

cher de leur nécessaire pour subvenir aux besoins de ces réprouvés. « Ainsi un maire et tousses administrés sauront que l'instituteur du lieu a un frère ou un père au bagne, et l'honnête homme tombera victime et solidaire d'un membre gangrené de sa famille. Avec un tel système on aiguise les poignards, touches et des Mandrins.

et on prépare pour l'avenir des

Car-

»

Voilà un rude coup de boutoir !

Mais heureusement il y a chez

certains écrivains une telle sève de pensées, qu'ils fournissent eux-mêmes à la fois l'objection et la réfutation. J'aurai

bientôt

occasion d'en faire l'expérience sur une opinion de M. le docteur Lauvergne, que tant de fois j'ai cité comme une autorité respectable, quand il s'est agi de la science de l'âme, mais que je dois c o m battre quand il descend de la chaire phsycôlogique pour se mettre à l'œuvre administrative. De ce qu'un fonctionnaire honorable et placé dans une position spéciale aura appris au maire d u n e localité qu'un homme libère demande un asile dans sa commune, il s'en suivra que le déshonneur retombera sur les membres d'une famille ? .Mais à chaque mise en liberté,

après expiration de la peine,

la magistrature

ne fait pas autre chose, aux termes de la loi. Il n'y a pas un libéré qui ne parte, si bon lui s e m b l e , pour son pays, en demandant qu'on lui accorde le séjour, quand la localité qu'il désigne n'est pas hors des conditions légales. Il est bien rare dans les campagnes qu'on ignore que tel ou tel a son père,

son fils ou son


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