LES BAGNES.
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aussi solidement que j a m a i s ; c'est qu'il n'est pas de nécessité d'appeler à son secours des lois inexpérimentées. Qu'on donne du ressort et de l'action
aux rouages de la machine administrative,
sa puissance sera suffisante. Ne craignons pas d'effrayer les g é nérations futures au souvenir des vices et des forfaits de notre âge; q u o i q u ' o n en veuille dire, nous valons les siècles passés: ils ont eu sur nous un grand avantage pour leur réputation, c'est d'avoir devancé
la publicité et la statistique.
Si nous voulons
préparer à l'âge qui suivra, un certificat de bonne vie et mœurs, nous le pouvons, j e crois, sans faire de la maçonnerie pénitentiaire. « La plupart des criminels, dit le docteur Félix Voisin, sont des enfants mal nés, ou s'ils n'ont point une organisation défectueuse, ils ont été horriblement mal placés dans le inonde extérieur; ils ont vécu dans les circonstances les plus propres à pervertir les sentiments moraux, à fausser l'intelligence, et à renforcer les dispositions animales déjà nativement prédominantes. » C'est du sein des grandes villes que sortent les hommes les plus dangereux pour la société;
les condamnés
les agglomérations populeuses ont
qui ont vécu dans
fait presque toujours , dès
leur bas âge, apprentissage du vice. Sans parler de l'enfant dont le père et souvent la mère sont des repris de justice ; en l a i s sant de côté encore ces êtres sans nom, fruits de la débauche, élevés au milieu de la prostitution, jetons les yeux sur l'enfant de la classe pauvre, et demandons ce qu'on a fait, j u s q u ' à ce j o u r , pour diriger ses premiers pas vers le bien ; voyons quelles sont les sages précautions que
la société a prises pour le garantir
du
vice. On a ouvert des salles d'asile ; on a dit : l'artisan, l'ouvrier, mari et femme, pourront vaquer à leurs travaux, sans avoir souci de l'enfant en bas âge, qu'ils ne peuvent emmener avec eux. Un lieu hospitalier remplacera, pendant l'absence, le foyer de famille. Une mère d'adoption, partageant entre un grand nombre son affection et ses soins, remplacera pendant le j o u r , près de l'enfant confié à sa vigilance, la véritable mère. L'artisan et l'ouvrier ont souri à cette œuvre de bienfaisance civique; mais quand il s'est agi de profiter du bienfait de l'institution communale, il s'est trouvé que la salle d'asile ouvrait ses portes longtemps après l'heure à laquelle