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LES BAGNES.
chemin.
Savez— vous ce qu'il advint ? C'est que ce
devint pour ses pareils occupés d'horreur;
malheureux
de la même besogne un
objet
ils s'enfuirent, et ne voulurent plus casser des pier-
res en compagnie d'un bonnet vert. Ce pauvre diable se confina dans une cellule creusée dans le
roc
et destinée à
renfermer
les outils du cantonier ; il y vivait d'aumônes et de privations. Un
jour, ce nouveau lépreux de la vallée
d'Aoste
fut pris du
même désespoir et disparut. On n'a jamais su ce qu'il était devenu . » 1
Après quarante-deux ans de captivité, un condamné du port de Brest recouvre sa liberté. Pour lui c'est un moment de délire que celui où sa chaîne tombe, où il va revoir la terre natale, où il a p prend que sa longue expiation et son grand âge lui ont réservé, au retour, l'indulgence et la pitié. Le lieu de sa résidence e s t a l'extrémité du territoire; quoique âgé de 6 7 a n s , le libéré rejette le conseil qu'on lui donne de se rendre dans ses foyers par les voitures
p u b l i q u e s . . . l'air est le premier bienfait dont il veut sentir l'influence. A peine a - t - i l permission de sortir du port, il va en ville, achète un vieux cheval, et après avoir fait ses adieux à ses c a m a 1
H. Lauvergne,