LES FORÇATS POLITIQUES.
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deux natures éteintes dont l'une a subi stoïquement la triste vie du bagne, existence pesante sous laquelle l'autre a fléchi. Pendant l'année 1 8 1 5 , huit soldats du deuxième régiment de chasseurs de la vieille garde, et un maréchal des logis des chasseurs à
cheval lurent accusés d'avoir fait partie d'un attroupement en révolte dont le capitaine Rosay était le chef, Ces neuf militaires furent condamnes aux fers et amenés au bagne de Rochefort, où aux termes de leur arrêt, ils devaient rester dix nus. Depuis le lieu où ils e n tendirent leur sentence, jusqu'au bagne, le courage les
soutint;
mais quand ces hommes se virent dépouiller de l'habit de leur régiment, quand ils sentirent sur leur chair la casaque du forçat, le sentiment d'honneur fut affreusement froissé en eux, ils ne p u rent retenir leurs larmes. En transcrivant, suivant l'usage, leur signalement sur les matricules, on constata comme signes particuliers, quarante blessures entre ces neuf condamnes. Le commissaire des chiourmes donna ordre de les accoupler ensemble, de les réunir sur le même banc, et, dans la pensée de