Les bagnes : Histoire, Types, Mœurs, Mystères

Page 134

502

LES

BAGNES.

de surveillance du l i b é r é , tout Faisait preuve ou soulevai! la p r é vention contre l'ouvrier bijoutier. Il fut déclaré complice de Blustot et d'Abraham, et condamné aux travaux forcés à perpétuité. Renaudin se voyait perdu sans ressources. Ses deux accusateurs, n'ayant plus d'espoir de 1 impunité, regardèrent comme inutile de sacrifier un innocent. Ils prirent le parti de révéler toute la vérité. Ils racontèrent que deux autres individus les avaient aidés, ils désignèrent des voleurs déjà connus de la p o l i c e ; mais on mit en doute leurs aveux tardifs, on ne put trouver la trace des effets engagés par ces complices au mont-de-piété, sous des noms supposés; enfin, les deux hommes désignés par Blustot et Abraham, arrêtés d'abord, furent rendus à la liberté, et tout espoir fut enlevé à R e naudin. C'est alors qu'il adressa au garde des sceaux une supplique touchante qui se terminait ainsi : « Une sentence terrible me bannit pour toujours de la société. « Le fer des bourreaux a déchiré mon corps. Je suis sur le banc « des forçats; c'est au bout d'une chaîne que j e suis obligé de ter« miner ma v i e . . . et j e suis innocent. » Le garde des sceaux d'alors fut frappé du caractère de franchise qu'il y avait en cette réclamation. Une enquête minutieuse fut o r donnée : une grâce pleine et entière fut accordée à l'infortuné pétitionnaire. Quand Renaudin apprit qu'il était gracié, il eut peine à contenir l'excès de sa joie et de sa reconnaissance. 11 lit à pied le chemin de Toulon à Paris pour remercier ses bienfaiteurs ; mais il ne profita pas longtemps de l'acte de justice qui l'avait rendu à la liberté. Les efforts qu'il avait faits pour prouver son innocence avaient usé ses facultés et sa v i e ; il mourut huit jours après son arrivée chez sa pauvre m è r e , qui eut du moins la triste consolation de lui formelles yeux ! François Mayenne, d'Auch, fut accusé d'une tentative de meurtre; c'était à l'époque où la flétrissure existait dans nos lois. Le prévenu avoua le c r i m e ; il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. Le bourreau lui plaça le fer brûlant sur l'épaule; il r e vêtit l'habit du bagne. La résignation de cet homme donna lieu de


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.