Les bagnes : Histoire, Types, Mœurs, Mystères

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Cependant il trouve prudent de faire bande à part; il comprend que le moment approche où il faudra mettre en j e u toutes les inspirations de son intelligence. Voici à quelle pensée il s'arrête : il se rend à Mondovi, chargé de l'impôt qu'il a levé sur les crédules des États romains, il affiche le luxe et l'amour du plaisir. Recherché des jeunes gens de la ville, il éveille en eux le désir de jouer la comédie bourgeoise, il parle d'élever un théâtre; le plan sourit, une cotisation s'ouvre, le plus ambitieux se nomme directeur, Collet se réserve le modeste emploi de costumier, c'est lui qui se charge d'organiser au grand complet le magasin. Le j o u r de la première répétition générale est annoncée, il est convenu que les acteurs paraîtront avec les costumes, cela devait être merveilleux... toutes les broderies étaient en or f i n . . . Mais au j o u r dit, on cherche en vain le costumier. On apprend qu'il est parti en poste, on ne s'explique pas cette absence. On ne pense pas même à l'interpréter désavantageusement. Collet seul a le secret de son brusque départ : il n'a eu qu'un but en faisant faire ces dépenses, c'est de se faire fournir par les souscripteurs tous les costumes dont il aura besoin dans la nouvelle voie aventurière qu'il va tenter. I1 emporte vêtements de prêtres, de dignitaires civils, d'autorités m i l i t a i r e s , costumes diplomatiques, collection c o m plète des signes de toutes les chevaleries, et des croix et rubans de tous les ordres. Les jeunes gens de Mondovi attendent encore la répétition générale. Le premier costume qui servit à Collet fut celui de général; il s'en revêtit, et prit un hôtel,des équipages, des gens. Le second travestissement fut celui de prêtre napolitain. Collet se donna pour une victime du pouvoir ombrageux de la famille Napoléon. Voici comment Collet raconte les épisodes de cette époque de sa vie dans un mémoire dont M. Appert a le manuscrit entre les mains. « Je me rendis à Sion, petite ville dont les autorités m ' a c c u e i l lirent. L'évêque me reçut parfaitement et me prit tellement en affection qu'il voulut que j e disse la messe à la paroisse, ce que je fis pendant quelque temps. A quelques jours de là, monseigneur


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