PETITE
FATIGUE,-
P É C U L E , ETC.
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Pourquoi a - t - o n attendu que l'homme fût si près des dernières limites de sa vie criminelle pour évoquer un nom qui avait tant de puissance sur cette nature d'exception? «En plusieurs circonstances,» me disait Marillac, « j ' e u s o c c a sion d'exercer mon goût pour l'éducation des natures rebelles : j ' a i obtenu quelques succès, mais c'est un métier difficile, et, à bien prendre, j e crois qu'il y a plus de chances de réussite à travailler sur l'ours que sur l ' h o m m e . L'ours, nouvelles
habitudes,
quelle
une fois dressé, obéit à de
que soit la voix qui commande.
L'homme, au contraire, semble ne faire sa soumission qu'au profit de celui qui le dompte. Quand le maître n'est plus là, nul ne peut le remplacer ni reprendre influence. » Marillac me donnait là, sans le savoir, le grand mot de la prospérité si peu durable de ces institutions tant vantées, dont la copie est impossible parce qu'il manque presque toujours à l'homme qui succède la haute intelligence et la moralité de celui qui a fonde. Cependant, on ne peut le nier, il y a dans l'organisme moral des fils mystérieux à l'aide desquels une main habile opérera des réactions tenant du prodige. 11 faut savoir toucher juste et c o n naître le moment opportun. Dans les bagnes, l'amélioration
matérielle de l'existence peut
produire de bons résultats moraux par le sentiment de reconnaissance qu'elle excite. Mais, au milieu de cette corruption, il y a des germes encore sains qu'on pourrait développer avec protit ; c'est surtout en rapprochant des liens de famille brisés qu'on peut e s pérer de bons résultats. Peut-être trouverait-on dans les codes criminels de la vieille m o narchie quelques dispositions plus moralisatrices que les coutumes pratiquées de nos j o u r s . Car notre loi actuelle n'est-elle pas complice du vice? Ne c o n v i e - t - e l l e pas le condamné à des alliances monstrueuses, par l'état d'isolement qu'elle impose? N'est-elle pas sacrilège quand elle brise l'union
que la loi religieuse déclare
indissoluble ? Dans les anciennes galères, la mère pouvait vivre près de son fds, la femme près de son époux. Le scandale a amené plus tard la réforme; mais c'est l'abus qu'on aurait du frapper, et non la