La terreur sous le directoire

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LIVRE CINQUIÈME

est presque inconnue et où les occasions de la perdre sont si fréquentes . » 1

II Bien que la vie n'ait jamais été douce à la Guyane, elle eût été supportable ; spécialement à Sinnamary, le commandant du poste, Freytag, était un homme juste, sympathique aux déportés, et qui leur épargnait les tracasseries inutiles. Il n'en était pas de même de Burnel, personnage avide, brutal, despotique, qui faisait expier à tous, déportés et colons, ses mécomptes et ses haines. En avril 1799, un brick qu'il crut anglais ayant paru dans les eaux de Sinnamary, l'agent lança une proclamation ridicule, mit toute la Guyane en état de siège, consigna les déportés dans leurs cases et les éloigna des côtes : il supposait ou voulait laisser croire qu'ils étaient d'accord avec les Anglais pour leur livrer la colonie. Le prétendu anglais disparut ; néanmoins, les mesures arbitraires ne prirent pas fin, et, subitement, des gendarmes venus de Cayenne firent une perquisition chez Barbé-Marbois et Laffon de Ladébat et les emmenèrent tous deux à Cayenne, d'où ils ne tardèrent pas du reste à revenir. Quant au commandant Freytag, il fut remplacé. Depuis que Pichegru et ses compagnons, trompant la surveillance des soldats du poste, avaient gagné la Guyane Hollandaise et de là l'Angleterre, il ne s'était produit qu'une seule évasion : Reyphins jeune, relégué à Conanama, s'en était échappé le 17 novembre avec l'aide d'un jeune homme dévoué, Adèle Robineau ; de Paramaribo, il 1 Op. cit. II, 4 9 3 - 4 9 4 et e n c o r e 554.


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