La terreur sous le directoire

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LA DÉPORTATION ECCLÉSIASTIQUE A LA GUYANE

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nombre égal. Quel fut le sort de ces derniers ? Quel était leur genre de vie? Il nous reste trop peu de témoignages pour qu'il soit possible d'en constituer un récit. Ces prêtres qu'on avait traités comme des rebelles, des fanatiques, des ennemis de l'État et des institutions publiques, lorsqu'ils furent de retour en France, ils omirent surtout de parler de leurs malheurs, ils semblèrent vouloir les ensevelir dans l'oubli ; l'un d'eux, M. Brumauld de Beauregard, ne rédigea quelques notes que sur les plus vives instances de ses amis, et il se garda de les publier lui-même ; d'autres, comme certains prêtres des diocèses de Besançon et de Grenoble, n'écrivirent que sur l'ordre de leur évêque ; ils craignaient de blesser la charité et de porter atteinte, même rétrospectivement, à la mémoire de leurs persécuteurs.

I Après les douloureux spectacles qu'ils eurent d'abord sous les yeux, après le poignant chagrin d'être séparés sans doute pour jamais de leur patrie, de leurs amis, de leur paroissiens, de leur famille, l'un des plus vifs que durent ressentircesapôtresf u t d'être privés de la liberté d'évangéliser les populations auprès desquelles la Providence les envoyait. Barbé-Marbois, homme de philosophie courte et modérée, s'était créé des occupations manuelles qu'il alternait avec quelques lectures ; Laffon de Ladébat poursuivait des études de botanique ; Guerry de la Vergne maniait le tour comme naguère dans son manoir de Vendée ; Givry des Tournelles s'était fait agriculteur ; les ouvriers, les artisans avaient trouvé à exercer leur métier. Ces ressources qu'avaient les laïques étaient


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