LA DÉPORTATION ECCLÉSIASTIQUE A LA GUYANE
Depuis
qu'ils étaient libres, ces nègres
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ne se pliaient
plus à aucune règle; ils insultaient, ils rudoyaient
les
malades, ils leur marchandaient à prix d'argent les soins les plus indispensables, ou bien, ils les abandonnaient sans secours, et restaient dehors toute la journée et une partie de la nuit. Cependant, les malades étaient dévorés de soif; leurs jambes ravagées par les chiques, enflaient; la gangrène gagnait les intestins, et la mort arrivait, précédée des plus cruelles souffrances. Sur le bord de la rivière, dans une enceinte abritée par des palmiers, les déportés avaient déposé Sourzac, et béni sa tombe. C'est là que devaient être enterrés ses confrères. Mais pour obtenir des nègres ce dernier service, il fallait les payer; malheur succession!
au trépassé qui ne laissait pas de
Brenugat, vicaire à Bazoges (Vendée), resta
trois jours sans être i n h u m é ; on portait son cadavre de case en case ; ses confrères durent creuser sa fosse de leurs propres mains. « Ces noirs,après avoir fait marché à 6 livres par tête (ils étaient quatre), pour faire une fosse et enterrer un mort, reportaient jusqu'à cinq ou six fois Le cadavre nu et infect au karbet où ils l'avaient pris; de 6 fr. dont ils étaient convenus, ils parvenaient
à en tirer 18 et
Bougeard, ancien vicaire à
Sourzac,
Rennes,
24.
Mathieu
(Vosges) et tant d'autres furent l'objet de semblables spéculations . » 1
Ils
spoliaient
les
morts,
ils spoliaient les
vivants. Un jour, les déportés durent s'armer de leur hache pour les chasser. Les autorités du poste étaient impuissantes à réprimer ces indignités ; tel méprisait
trop les
déportés pour s'inquiéter des traitements qu'ils subissaient ; tel autre, dont les magasins étaient
pillés par les noirs,
était trop occupé à se défendre contre eux. 1
Pitou, Voyage à Cayenne : II . 105. 20