276
LIVRE
CINQUIÈME
Le commandant de la Charente, Allain Bruillac, lieutenant de vaisseau, né à Rennes, le 17 lévrier 1764, famille noble,
était
du
petit
nombre
d'une
des officiers
de
l'ancienne marine qui s'étaient resignés à prêter serment à la République ; mais, dans ces douloureuses circonstances, il ne démentit ni son origine, ni son éducation, et ses officiers s'inspirèrent des mêmes sentiments que lui. Un pauvre fou s'étant jeté à la mer, des matelots plongèrent et le ramenèrent
à bord : Bruillac le renvoya à Rochefort
avec sept autres infirmes, parmi lesquels l'abbé Mutel, de Toul, dont nous avons déjà parlé. Le Commissaire du Directoire, profitant de ce que la frégate était retenue en rade par le voisinage de la division anglaise, remplaça ces déportés par dix-neuf autres dont six sexagénaires, de sorte que l'effectif des déportés à bord de la Charente se trouva être de cent quatre-vingt-treize (20 mars). Dans ce nombre, cent cinquante-cinq prêtres ou religieux. Nous avons déjà cité quelques noms ; d'autres viendront sous notre plume au fur et à mesure que se développera le récit de leurs infortunes. Saisis dans la première ferveur de la persécution, en vertu d'arrêtés collectifs ou simultanés, dans des régions où les Commissaires du Directoire avaient porté plus d'ardeur et de précipitation dans les poursuites, les prêtres de ce premier convoi se trouvent, plus que ceux des suivants, groupés par département ou par province. De la Bretagne, il y en a vingt-sept ; des Vosges, treize, dont quelques-uns, ayant prêté serment, n'étaient pas dans le cas (le la déportation et néanmoins la subirent ; de l'Aisne, onze ; du Cher, huit ; du Doubs, de la Haute-Saône el du J u r a , dix, dont trois cousins, François, Denis et Nicolas Daviot, qui, eux aussi, furent victimes de la rapidité avec laquelle on les embarqua, bien qu'ils fussent en règle avec la loi ; des Deux-Sèvres, de la