La terreur sous le directoire

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PIÈCES JUSTIFICATIVES

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ainsi que plusieurs barils de farine et salaison ; 2° d'en faire de même d'une grande partie de la Drome, n'ayant réservé qu'un mât et une vergue de hune ; 3° de démolir le four et la chaloupe et de dépontiller tout ce qui était susceptible d'arrêter la corvette et lui donner plus d'élasticité et pout augmenter s'il était possible la vitesse. Le capitaine ordonna aussi de faire jouer la pompe d'etrave et les pompes de la cale où il avait fait vider 18 pièces à l'eau afin de mouiller les voiles, ce qui ne pouvait s'effectuer qu'à coups de gamelle, mais très imparfaitement ; mais, malgré toutes ces précautions, le bâtiment chasseur nous approchait sensiblement jusqu'à l'entrée de la nuit, où nous l'avons reconnu pour une forte frégate. Nous étions déjà prêts à combattre et tout l'équipage n'a pas bougé de son poste. A minuit, ce bâtiment a brûlé une amorce, mais ne connaissant pas ce signal, nous n'avons pas répondu. Vers trois heures et demie, ce bâtiment était très près de nous et par notre hanche de bas bord, et nous nous attendions qu'il allait nous livrer combat. C'est ce qu'il a étudé jusqu'au petit point du jour qu'il nous a tiré un coup de canon et a arboré pavillon anglais ; le coup de canon qu'il a tiré nous a coupé la balancine du guide, le bras de grande vergue et traversé la grande voile. Aussitôt le capitaine ordonna de tirer un coup de canon de retraite et mettre notre pavillon. Il nous en a tiré deux autres que nous avons ripostés par trois coups de retraite ; alors il nous en a tiré quelqu'autre (sic) dont un a percé la cuisine. Nous lui avons de suite lâché la bordée, il nous en a tire d'autres qui tous ont porté à travers nos voiles. Nous lui avons lâché deux autres bordées et avons amené pavillon, vu la supériorité des forces. Le bâtiment qui nous a pris s'est trouvé le vaisseau rasé l'Infatigable, commandé par le chevalier Pelouk (Lisez : Pellew) : ce vaisseau porte vingt-six canons de vingt-quatre en batterie, dix canons de douze sur les gaillards et huit caronades de quarante-deux livres de balles. « Au moment que nous avons été pris, il était cinq heures du matin du vingt-et-un thermidor de l'an 6. Nous étions alors par la latitude de 44 degrés 6 minutes N. et par 6 degrés 40 m. longitude, méridien de Paris. C'est ce que nous certifions véritable, en foi de quoi nous avons dressé le procès-verbal revêtu de nos signatures et de celle de l'aide-commissaire pour servir et valoir que de raison. Fait à bord de la corvette la Vaillante

les jour et an que dessus. (Suivent les signatures).

Morey ajoute : « On

profita d'une nuit obscure pour j e t e r

sur les cotes de B r e t a g n e les deux-cent-cinquante galériens, qui ne se

firent

pas prier pour

prendre le l a r g e . » Nous s a v o n s

maintenant que les g a l é r i e n s furent e n f e r m é s a la grande prison de Plymouth.


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