La terreur sous le directoire

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PIÈCES JUSTIFICATIVES

II (PP. 279-281 et 325)

A PROPOS DE PIERRE TAUPIN.

M a d a m e Taupin, née Ursule T i e r r i e r , fut e n t e r r é e dans le cimetière de T r é g u i e r ; l o n g t e m p s après s a mort, on montrait la place où elle reposait. Quant à Taupin, a son retour de la G u y a n e , il p a s s a d'Angleterre en F r a n c e et se mêla à la prise d'armes des c h o u a n s , au c o m m e n c e m e n t de l'année 1 8 0 0 . Il venait de remporter un brillant a v a n t a g e à T r é g l a m u s , près de G u i n g a m p et assistait paisiblement à la m e s s e , lorsqu'un e n f a n t vint l'avertir que l'ennemi a p p r o c h a i t . Il sort, voit les soldats s'apprêtant à fusiller un prêtre a s s e r m e n t é qu'ils accusaient de les avoir trahis. Taupin

le sauve de leurs m a i n s , puis grimpe

sur un mur pour o b s e r v e r l'ennemi. Au moment où s a tête dépassait la c r ê t e du mur, il reçoit une balle et m e u r t . Il fut e n t e r r é d a n s le cimetière de T r é g l a m u s ; jusqu'en 1 8 3 0 , le curé qu'il avait s a u v é conduisit c h a q u e a n n é e la procession du J o u r des Morts à la t o m b e de T a u p i n . Voici la complainte à laquelle j ' a i fait allusion ; elle est

em-

pruntée à un recueil, qu'on me dit t r è s r a r e , de c h a n t s b r e t o n s composés pendant l a Révolution. « Deux jours après, la tête de madame Taupin tomba aussi sous le fer de la guillotine : elle mourut sans plainte, avec beaucoup de cœur, joyeuse de donner sa vie pour la religion. « Elle se revêtit de ses plus beaux habits blancs, comme pour des noces ; elle mit cinq fleurs à sa coiffure : elle court à la mort avec un air joyeux ; la mort pour elle n'a rien d'effrayant. « Lorsqu'elle fut devant le juge, celui-ci, tout ému, lui dit de crier : Vive la Nation ! — « Montrez du regret, dit-il, abandonnez votre roi, et, sur le champ, vous serez libre d'aller où vous voudrez. » — « J'aime mon roi et ma religion ; jamais je ne crierai : Vive la Nation ! A mon Dieu, à mon roi, dit cette sainte femme, je serai toujours fidèle ; je suis prête à mourir. » « Ils lui demandèrent si elle ne savait pas qu'elle agissait contre la loi en recevant chez elle des brouillons, des hommes chargés de crimes, condamnés par la nation à sortir de leur pays.


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