La terreur sous le directoire

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D'ORÉON

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eux était celle d'un exil lointain, d'une relégation à la Guyane ; ils s'attendaient à une mort prochaine : « Le martyre a autant d'efficacité que le baptême, écrivait L'abbé Guillet que je serais donc heureux de mourir de la sorte!... Ainsi les méchants nous feront du bien en voulant nous faire du mal; ils croient nous avoir vaincus, et ils le seront eux-mêmes; en nous faisant mourir, ils nous feront triompher... Aussi sommes-nous très contents.» Un groupe de prêtres savoisiens écrivait encore à leurs paroissiens : — « Si le Dieu maître de l'univers, qui se joue du monde et de ce qu'il y a de plus redoutable dans le monde, daigne se ressouvenir de nous dans sa clémence à la suite de ce déluge de maux et nous rendre un jour à notre patrie, nous vous y donnerons des exemples dignes de vos suffrages et peut-être dignes encore de votre imitation » Ainsi le Directoire avait déporté ces prêtres loin de leurs paroisses pour parvenir à la suppression du culte catholique, et, comme par un dessein providentiel, ces prêtres puisaient dans les souffrances supportées en commun un redoublement d'énergie chrétienne; la prison se transformait en une maison de retraite et c'était comme un noviciat nouveau qu'acceptaient ces athlètes pour se préparer à de nouveaux combats. Il leur manquait un chef : sans y songer, le Directoire leur en envoya un. Le 28 février 1799, après un voyage d'un mois sur une charrette découverte, Mgr de Maillé de la Tour Landry, déporté lui aussi, débarqua à l'île de Ré. Il n'avait pas connu l'exil, mais il avait connu les angoisses d'un séjour en France pendant la Terreur; il s'était soumis à des lois arbitraires en tout ce qui ne blesVie de M. l'abbé Guillet, par M. l'abbé Depommier ; Lettres de quelques prêtresdelaSavoie. 4


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