A L'ILE DU DIABLE
199
(Cet effort inouï d e sa volonté, avec toutefois de p a s s a g e r s affaissements qui sont le p r o p r e de la n a ture h u m a i n e , il d u r e r a tout le t e m p s de sa d é p o r tation..... faisant l ' é t o n n e m e n t de ses g a r d i e n s . . . ) Viennent m a i n t e n a n t les lettres de l'exil, lettres de 1895 - 1 8 9 6 -1897 - 1898. C'est le m a r d i 12 m a r s 1895 qu'il envoie sa p r e m i è r e l e t t r e d a t é e des îles du Salut. « Le jeudi 21 février, quelques heures après ton départ, j'ai été emmené à Rochefort et embarqué. Je ne te raconterai pas mon voyage ; j'ai été transporté comme le méritait le vil gredin que je représente : ce n'est que justice... Ma situation ici ne peut que découler encore des mêmes principes... J e ne vis plus que par mon âme qui espère voir luire bientôt le jour triomphant de la réhabilitation... Toi, la vérité même, tu m'as affirmé le jour de mon départ être sûre d'aboutir bientôt ; je n'ai vécu durant cet horrible voyage, je ne vis encore que sur cette parole de toi, rappelle-toi le bien. » Cette idée r e v i e n d r a souvent : Le 15 m a r s il dit : « Dans mon horrible détresse, je passe mon temps à me répéter mentalement le mot que tu m'as dit le jour de