A
L'ILE
DU
DIABLE
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Dreyfus, m ' a autorisé à y p r e n d r e les extraits qui m e seraient n é c e s s a i r e s . Avant de d o n n e r la parole à Dreyfus l u i - m ê m e , j e crois q u e p o u r m o n t r e r son excessive nervosité a u x p r e m i e r s t e m p s de son e m p r i s o n n e m e n t , le témoig n a g e de son p r e m i e r g a r d i e n est i n d i s p e n s a b l e . Voici c o m m e n t , dans u n r a p p o r t qui fit q u e l q u e bruit l o r s q u e le Fiyaro
le publia, le c o m m a n d a n t
F o r z i n e l t i , d i r e c t e u r de la prison militaire d u Cherche-Midi a décrit
l'attitude
de son
malheureux
prisonnier. « Pendant cette période de temps, la surexcitation du capitaine Dreyfus était toujours très grande. Du corridor, en l'entendait gémir, crier, parlant à haute voix, protestant de son innocence. Il se butait contre les meubles, contre les murs, et il paraissait inconscient des meurtrissures qu'il se faisait. Il n'eut pas un instant de repos, et lorsque, terrassé par les souffrances, la fatigue, il se jetait tout habillé sur son lit, son sommeil était hanté par d'horribles cauchemars. Il avait des soubresauts tels qu'il lui est arrivé de tomber du lit. Pendant ces neuf jours d'une véritable agonie, il ne prit que du bouillon et du vin sucré, ne touchant à aucun aliment.