A l'ile du Diable : Enquête d'un reporter aux iles du salut et à Cayenne

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A L'ILE DU DIABLE

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conditions les plus misérables, ne communiquant avec aucun être humain, ne pouvant même converser avec ses gardiens qui ont pour consigne de ne pas lui répondre. La France ne doit pas ignorer non plus qu'on refuse au déporté le droit de se procurer d'autres aliments que des conserves, et que, contrairement à toutes les lois existantes, on l'a souvent, et pendant de longs mois, tenu enfermé dans sa chambre, et aux fers par les quatre membres. La France doit savoir ou apprendre que Dreyfus, dans les rares circonstances où on lui permet de respirer librement, est toujours suivi à deux pas par un gardien qui a pour ordre de lui brûler la cervelle à la moindre alerte... ... Chacun sait en Guyane que malgré le cercle policier qui l'étreint, Dreyfus a pu longtemps correspondre avec les siens à l'insu de l'administration et que si ses parents et amis ou lui-même l'avaient voulu, rien n'eut été plus facile pour lui de se faire enlever, et pourtant aucune tentative n'a été faite dans ce but. Chacun sait encore que même au moment où nous écrivons, et malgré un redoublement de vigilance, il y a dans Cayenne môme des hommes qui se portent fort de rompre ses chaînes pour la curiosité du fait. Mais Dreyfus ne l'a pas voulu et ne le veut pas encore. » Le 7 octobre 1897, il se plaignait ainsi : « Tous les faits et incidents pouvant concerner Dreyfus revêtent aux yeux des administrateurs métropolitains le caractère de questions d'Etat.


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