Essai sur l'Histoire naturelle de l'isle de Saint-Domingue

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ESSAI SUR L'HISTOIRE NATURELLE

c'eft durant ce temps que les orages ont coutume de fe faire fentir ; on y jouit cependant de quelques intervalles de beau temps ; mais aux approches de l'équinoxe de Septembre, on y éprouve fouvent des ouragans furieux, qui caufent de grands ravages. On verra ciaprès la defcription de celui du 4 Août 1772 , qui défola la partie du Sud. Les tremblemens de terre y font auffi très-fréquens : en 1 7 5 1 , il y en eut un qui caufa bien du dommage dans la partie de L'Oueft; mais celui de 1770, dont on donnera une efquiffe, fut encore plus funefte aux habitans de cette partie de la Colonie. Vers la fin de Septembre, le tonnere ceffe ordinairement de gronder, le ciel devient ferein jufqu'à la Touffaint que les pluies recommencent; mais ce ne font plus ces déluges d'eau qui font déborder les rivières, inondent les campagnes fertiles, forment des torrens, entraînent tout ce qui s'oppofe à leur paffage ; ce font des pluies douces, fraîches, affez femblables à celles qui tombent en Europe , ce qui les fait nommer par plufieurs, pluies de France. Ces pluies, fi falutaires à des pays brûlans, ne favorifent que certains Quartiers, & laiffent les autres dans une affreufe fechereffe. Ces mêmes quartiers, arrofés une année, ne le font pas toujours auffi abondamment la fuivante. La rareté des pluies, dont on commence à fe plaindre , ne pourroit-elle pas venir des grands défrichemens que divers particuliers ont fait depuis quelques années dans les montagnes , pour y faire leurs plantations ? Il femble qu'on auroit dû au moins ne pas dégarnir leurs fommets, qui fervent de point


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