Essai sur l'Histoire naturelle de l'isle de Saint-Domingue

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vent l'emportoit ; les éclairs étoient terribles. Vers les deux heures du matin, le vent commença à mollir, les bourrafques devinrent moins fréquentes & moins violentes. Durant l'efpace de cinq heures que dura ce furieux ouragan, des arbres d'une groffeur énorme ont été deracinés, d'autres brifés, quelquesuns fendus dans toute leur longueur, les autres dépouillés de leurs branches & ne conferverent que le tronc. Tous les chemins furent bouchés ; on ne pouvoit pénétrer dans les bois que la hache à la main. Avant la nuit les forêts étoient ornées d'une agréable verdure , le lendemain elles repréfentoient les horreurs d'un hiver inconnu dans ces brûlans climats. Les bananiers furent tous brifés , quantité de caféyers arrachés ou fracaffés, des pièces de canne couchées à terre & déracinées, des jardins plantés en indigo culbutés & entraînés par les torrens. Aucune cafe , foit pour les Nègres, foit pour les B l a n c s , n'eft reftée intacte; les unes ont été décomblées, d'autres renverfées , toutes endommagées ; ce qui a caufé de très-grandes pertes à plufieurs habitans, fur-tout à ceux dont les magafins étoient remplis. La plûpart des Navires qui étoient en rade aux Cayes-du-Fond, ainfi que les goëlettes , chaloupes, canaux, &c. ont été brifés contre les refcifs ; la Côte étoit couverte de débris. La Ville des Cayes a été prefqu'inondée. Dans plufieurs maifons, fur-tout du côté de l'Hôpital, il y a eu jufqu'à 4 pieds d'eau. Les rivières gonflées par les torrens font forties de leurs lits, & ont charié durant plufieurs .I


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