De l'esclavage aux colonies françaises et spécialement à la Guadeloupe

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46 d'un quartier, l'individu qui eu est porteur, se rend dans les b o i s , suit les marrons à la piste, se met à l'affut sur leur passage, et tous ceux qu'il aperçoit, et qui ne se rendent pas à la première sommation , sont tués ou blessés. C'est une vraie chasse ! Les créoles se glorifient à tout v e nant de leurs faits d'armes dans ce g e n r e , et ils citent leurs assassinats

et leurs victimes, c o m m e un chasseur

parle des lièvres ou chevreuils qu'il a tués. On peut reprocher aux nègres marrons d'enlever sur les habitations des bestiaux et des vivres; mais on citera très peu de meurtres commis par eux : je n'en connais pas. Voici deux traits de générosité de leur part envers deux b l a n c s , qui donnent une haute idée de leur point d'honneur. Le fils d'un habitant, faisant la tournée de ses cases à nègres, prend un marron qui s'y était réfugié, ou qui y était venu pour trafiquer ; il le lie. C'est le chef du camp où. se trouve une de ses négresses. Le jeune planteur promet de le lâcher s'il lui rend son esclave; le marron e n gage sa parole. Ils se mettent en m a r c h e : il faut passer dans des sentiers étroits , par des endroits glissans , monter le long des liannes qui pendent au-dessus de précipices profonds qu'il est nécessaire de franchir. Le chemin est long et périlleux, la nuit survient et les surprend, l ' o b scurité permet au nègre de s'échapper ; mais il a promis et il ne veut pas être parjure. Ils arrivent enfin près du camp , un grand feu y est allumé. Deux rangées de cases en forment un petit bourg. Un bruit a été entendu, l'alarme est d o n n é e , aussitôt il se fait un cliquetis de lances et de coutelas. Le jeune créole se croit perdu. Il appuie son pistolet sur la poitrine


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