De l'esclavage aux colonies françaises et spécialement à la Guadeloupe

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A b u s d'autorité d e la part des m a î t r e s .

Les lois coloniales sont trop favorables aux planteurs, pour qu'ils n'abusent pas des priviléges qu'elles attachent à leur despotisme. Voyons comment ils se sont servis de cet instrument du pouvoir arbitraire , si dangereux dans toutes les mains, mais surtout dans celles d'un simple citoyen. Il est notoire, à la Guadeloupe, que grand nombre d'habitans outrepassent sans mesure les peines fixées par les ordonnances. Habitans et géreurs sont loin de dissimuler les exécutions qu'ils ordonnent de temps en temps , et dans lesquelles ils font appliquer depuis trente jusqu'à cent coups de fouet et même plus. Un de ces planteurs voulant se débarrasser d'une vieille négresse , la fit tailler successivement par trois c o m m a n d e u r s , et la laissa ensuite terminer

ses jours dans un cachot.

Le poison fait-il des ravages sur une habitation? Aussitôt on fait arrêter les noirs qui paraissent le plus suspects. Au lieu de les remettre entre les mains de la justice, avec les indices et les preuves de leur culpabilité, l'habitant se constitue chez lui tribunal souverain , fait enfermer dans un cachot le nègre s o u p ç o n n é , son arrêt est porté , il faut qu'il y meure de faim , ou sous les coups. On m'a affirmé que ces exemples étaient nombreux. On lit dans la Gazette des Tribunaux

du 26 octobre 1831 :

« Une commission d'enquête dont M. Duquesne était «président, a constaté en mars dernier, au quartier de la «Trinité (Martinique) des crimes horribles. Un esclave est « m o r t après avoir reçu deux cents coups de fouet sur les «reins , avoir été exposé toute une journée à l'ardeur du.


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