13 riches des bienfaits de la nature , respirant
l'air
pur
de leurs campagnes ; lu pêche et la chasse fournissaient à tous leurs besoins; unis par un amour sans entraves ils vivaient en pais au sein de l'innocence et du bonheur. Que la perte de tant de biens doit être accablante, surtout lorsqu'on tombe dans de si horribles maux ! Ils sont jetés chargés de chaînes dans une cale étroite, qu'infecte un air pestilentiel, et où ils n'occupent pas plus de place que dans un tombeau. Une main cruellement avare leur jette à peine une nourriture sale et fétide, moins pour les faire vivre que pour les empêcher de mourir. S'il n'en périt qu'un tiers , la traversée sera bonne. La voile s'enfle; on part. Cette patrie où ces infortunés furent élevés au milieu de tant de jouissances, fuit derrière eux; une longue et pénible navigation va les en séparer pour jamais : jamais ils ne reverront leurs pères, leurs épouses, ou leurs enfans. Ils vont souffrir et mourir, loin de leur p a y s , sur une terre étrangère. Q u e d'assassinats dans un seul crime ! Que de crimes commis par l'équipage et les armateurs d'un seul navire négrier! Ces bâtimens arrivent sur les côtes nord
et est de
l'île, et mettent à terre leur marchandise. L'avis en c i r cule dans les habitations. Les commissionnaires écrivent à leurs commettans, qu'il est arrivé, dans tel endroit, une cargaison de beaux
mulets,
s'ils veulent en acheter.
qu'ils n'ont qu'à s'y rendre
Les jeunes habitans,
reurs ou les économes arrivent Placés sous des hangards
les gé-
pour faire des achats.
ou dans des sucreries,
les
nègres et les négresses sont exposés nus à tous les yeux. Là se renouvellent ces inspections qui font rougir l'humanité et dont on aurait même honte dans la visite des bestiaux. Chacun choisit suivant ses besoins ou ses caprices.