Drup danm

Page 9

9 respectant les principes de la tradition orale martiniquaise. C’est avec notre regard, bien sûr novice au départ, que nous avons commencé cette recherche et, petit à petit, certains coins du voile se sont soulevés devant nos yeux, toujours avec les clés que les anciens eux-mêmes nous ont données. Aujourd’hui, certains se demandent s’il faut livrer tous les résultats d’enquête… Nous en livrerons ce qui, à notre sens, est essentiel pour la compréhension de notre travail par la communauté scientifique. Le reste sera affaire d’individus. Pourquoi ? -

parce que la résistance, entre autres, sous cette forme, a été une voie incontournable pour la survie de l’histoire et de la culture des esclaves en Martinique, du peuple martiniquais, en général ;

-

parce que cet enseignement nous a été transmis bien des fois après une très longue période d’observation. Nous parlons ici des connaisseurs et détenteurs sains de la tradition en disant que parfois, même l’alcoolique sait se servir de sa tare comme d’un masque. Tous les anciens nous ont recommandé le silence et l’anonymat sur certaines questions : moun- an vivan, i ni fanmi 3. Nous renvoyons ici, à la lecture de l’ouvrage de Gabriel ENTIOPE, Nègres, danses et

résistance4 et plus particulièrement au chapitre sur la résistance à travers la danse. Nous avons eu plusieurs rencontres avec cet auteur, aujourd’hui décédé, et il était littéralement enthousiasmé par l’aspect concret de notre recherche sur le terrain, car son approche s’est déroulée principalement à partir des documents écrits. On comprendra aisément que vint six ans de travail peuvent se révéler insuffisants par rapport à l’objectif profond de cette recherche. La méthode de recherche – action suivie entre autres par Agnès BROCARDI, dans son travail de thèse sur la Capoeira5 nous a confortés dans notre approche, alors que nous commencions seulement à faire le lien entre les différents arts de combat en Martinique (jes djérié Matinik). Par exemple, c’est à travers la pratique du wolo en Martinique, notamment du wolo dans l’eau, qu’Agnès BROCARDI se rendra compte des similitudes existant entre la capoeira au Brésil et le wolo en Martinique, et en même temps, ouvrira l’horizon de notre 3

Traduction littérale : « la personne est vivante, elle a de la famille » ENTIOPE, Gabriel. 1996, Nègres, danses et résistance (La Caraïbe du 17e au 19e siècle), collection Recherches et documents Amériques latines, éd. L’Harmattan

4

5

BROCARDI, Agnès5. Africanité et brasilianité de la capoeira : vers une pratique transversale : thèse de doctorat, université Paris 8, 362p

Document diffusé par Manioc.org


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.