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89 Pourquoi le ladja était –il joué dans les veillées mortuaires ? Selon T.J. OBI, les veillées mortuaires où se faisaient de grandes fêtes organisées par les convois, étaient l’événement idéal pour que puisse s’exprimer le rituel de la kalounga. Nous le citons : « Écrivant sur les Etats-Unis, Sterling STUKEY examine ce cercle angolais dans les vies religieuses des esclaves et conclut que le cercle dans le sens inverse des aiguilles d’une montre est en premier lieu dérivé d’un rituel d’Afrique Central visant à évoquer les ancêtres. Comme dans l’engolo, on croit que les danseurs ancestraux du ladja veillent sur les combattants du ladja et leur donnent le pouvoir dans lequel les combattants pouvaient puiser. De plus, comme dans l’engolo, cet héritage des pouvoirs ancestraux appelés secrets du ladja, séparait les vrais maîtres des pratiquants occasionnels. Raoul GRIVALLIERS croyait complètement au pouvoir du secret du ladja transmis par ses ancêtres : « avec la prière et le secret du ladja, je pourrais soulever ma maison. Il est arrivé que malgré leur petite taille, des gens ont pu avoir une telle force. L’essence pugilistique d’Afrique Centrale des formes de combat est confirmée par l’analyse du style. Les différentes positions de défense, les roues et les coups de pied tournants, les positions dansées font du ladja, un dérivé d’une base pugilistique. » 69

A la page 138, il continuera : « Les arts de combat des communautés esclaves ont joué un rôle crucial dans les rituels qui aidaient les âmes des esclaves à faire des voyages de retour vers la Kalounga. Plusieurs africains et leurs descendants dans les Caraïbes francophones sont morts du fait des conditions de travail sur les plantations. Les maladies, la surcharge de travail, les accidents, les punitions sévères, le changement de régime et la malnutrition ont pris des parts énormes au sein des populations africaines des Antilles Françaises. »

Documents à l’appui, OBI nous dira que dans un groupe moyen d’Africains emmenés dans ces îles durant le XVIIIe siècle, la moitié serait morte en huit ans. Pour eux, cette mort n’était pas la fin mais un passage pour le retour dans leur communauté natale à travers la kalounga. Les Africains rendus esclaves n’oubliaient pas leur terre natale et gardaient en elle, le rêve d’y retourner. A la page 139, il continue son analyse en disant : « Egalement dans les Antilles françaises, plutôt d’être vus comme des moments de tristesse, les enterrements étaient vus par les esclaves et leur progénitures comme des moments de célébration. Les communautés esclaves croyaient avec cœur que les êtres aimés ne les quittaient pas mais s’en allaient rejoindre les ancêtres, où ils deviendraient une force guide depuis leur vie à travers la kalounga. Certains Africains, particulièrement les Biafrans croyaient tellement fort en cela, qu’ils étaient réputés pour les suicides qu’ils faisaient afin d’accélérer leur retour au lieu de continuer dans cet état d’oppression. Michel René ILLARD d’AUBERTEUIL, qui vivait à Saint Domingue dans les années 1760, était d’avis que les esclaves n’avaient pas peur de la mort et Moreau de SAINT MERRY a remarqué en particulier chez les Igbos, que la mort « loin de les effrayer, semble plutôt leur offrir quelque chose de séduisant car ils croyaient en la migration de l’âme. Pour contrer cela, les planteurs propriétaires français à Saint Domingue, mutilaient le corps des esclaves africains qui se suicidaient, pour effrayer les autres qui suivaient ce chemin, en déclarant que leur corps mutilé ne serait pas capable d’effectuer le voyage en entier. »

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cf. p. 136 du livre déjà nommé

Document diffusé par Manioc.org


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