Drup danm

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72 manière de prier. Monsieur Julien SABAN de Tivoli le dira ouvertement et publiquement lors d’une soirée culturelle à Sainte –Marie organisée par La Maison du Bèlè, en 2009. Dans les discussions que nous avons eues avec lui, il nous l’a répété : « dansé sé osi la priyè neg »43. Dans la tradition écrite, Alphonse THIEROU, dans son livre Si sa danse bouge, l’Afrique bougera, va écrire sur le rapport de la danse et du sacré près de six pages. Et il insistera sur le fait que : « Dans la société africaine, la danse est omniprésente dans les cérémonies d’initiation et de tout ce qui a trait à la fois aux croyances, aux questions religieuses et divines. On danse lors des baptêmes, on danse dans les kman (temples des masques), on danse sur les champs de bataille, champs d’honneur, lieux de vies, de gloire et d’immortalité. Pour les africains, la danse aide à transcender la perception ordinaire pour atteindre, dans l’harmonie du rythme, d’autres états de conscience où se produit une communication mentale avec les forces cosmiques. En 44 Afrique, danser c’est prier, danser, c’est communier avec Dieu… »

Toutes ces citations nous permettent d’attester que des arts de combats différents, et d’une origine africaine assez large, englobant plusieurs ethnies et peuples se seraient côtoyés, mélangés, voire syncrétisés dans ces espaces – temps appelés kalenda et qui avaient souvent lieu lors des décès, des funérailles ou des soirées initiatiques. D’ailleurs, quand on entend un ancien des Trois Ilets, M. Palvert BARDOU nous parler du danmyé, il dira que dans un combat avec un de ses adversaires, il a essayé de voir s’il pouvait, en premier lieu, le jeter par la lutte. Voyant que c’était chose impossible, il le testa dans la boxe avec les pieds et l’ayant démarqué, il le mit K.O. d’un seul coup de dos de pied. C’était le même combat, mais il y avait l’emploi de deux techniques différentes, originaires de peuples africains différents : l’une utilisant la lutte, l’autre utilisant les coups de pied. Que penser de l’approche de Jacqueline ROSEMAIN sur le terme « kalenda » ? Pour nous, elle se justifie ; elle a de plus le mérite de montrer les contradictions inhérentes à l’église catholique et à la répression que cette dernière a exercé sur le corps et sur le sexe tant dans la métropole que dans la colonie ; ceci, pour se démarquer entre autres des pratiques culturelles esclaves (n’oublions pas que l’église catholique était partie prenante de l’esclavage). Dans le chapitre intitulé « La danse sacrée » de son livre La danse aux Antilles, des rythmes sacrés au zouk45, Jacqueline ROSEMAIN écrit dans le paragraphe Terminologie et étymologie :

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La danse, c’est aussi la prière du nègre. P 73 45 Paru à l’Harmattan en 1990, 90 pages 44

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