Drup danm

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69 Cette approche nous semble intéressante car elle montrerait bien que dans le choix des termes, il y a eu un syncrétisme : si « laghia » renvoie au wolof du Sénégal, « ladja » renvoie plus à une origine béninoise voire dahoméenne, nous dirions plus dahoméenne, car le Bénin dans ses frontières actuelles ne correspond pas au Dahomey de l’époque de l’esclavage. Pourtant, quelque chose qui n’est pas élucidé nous pose problème. Une brève incursion dans l’univers d’Internet nous permet de comprendre que les peuples éwé et mina font partie du groupe ethnique adja. Se pose un certain nombre de questions : -

le terme « adjaé » est – il employé comme un terme spécifique de la

langue pour désigner une pratique de combat, de lutte et /ou fait –il partie d’une tradition guerrière, liée aux peuples adja qui

ont survécu lors de la traversée

esclavagiste ? A cette question, les auteurs que nous citons n’ont pas répondu. Ceci nous semble une piste importante à fouiller. -

La deuxième question qui en découle est la suivante : n’y – a – t- il pas

eu syncrétisme entre la tradition wolof de départ et la tradition dahoméenne adja ? ce qui laisserait supposer que les différences de sonorités « agya » / « adja » ne sont pas seulement des erreurs de prononciation ou des évolutions phonologiques, mais pourraient bien révéler un côtoiement, un mélange, un syncrétisme entre des espaces géographiques différents liés à l’émigration forcée des populations africaines qui ont participé au peuplement de la Martinique sous l’esclavage et ayant en commun entre autres des traditions guerrières.

I- 4- Une hypothèse « anthropologique ». Enfin dans l’approche de l’art de combats en Martinique et de ses origines, une quatrième partie s’impose. En faisant référence à l’introduction de son livre Fighting for honor, The History of African Martial Art Traditions in the Atlantic World, mais aussi

au

chapitre premier de ce livre, T.J. DESCH OBI parle de la « kalunga ». Nous citons dans le chapitre 1, page 17, ses propos que nous avons traduits ainsi : « Depuis la kalunga, des combats champêtres dans le sud de l’Angola jusqu’à 1860 » La plupart des études sur l’esclavage dans l’Afrique de l’Ouest, se concentre sur l’interférence entre les ¨Portugais et les Royaumes du Kongo et de Endongo. Pourtant la région du sud de la rivière Kuanza contenait les plus hautes densités de population de la région, et certains des effectifs d’esclaves extraits de cette région étaient peut être les plus importants de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Parmi des groupes variés, d’autres populations enlevées vers cet esclavage dans le Sud de l’Atlantique, on trouve les sociétés Cimbebasiennes du Sud de l’Angola. Les Cimbebasiens ont développé un art martial unique longtemps avant l’arrivée des européens et des vagues de conflits sociaux qui suivirent dans le sillage de leur influence. Alors que les éléments de cette culture du combat peuvent être trouvés chez les Cimbebasiens et plusieurs de leurs voisins, on se concentrera ici sur les peuples Kunene et qui développèrent un

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