Drup danm

Page 64

64

I-

Origines étymologiques

du mot ladja :

Nous n’avons rien trouvé au prime abord sur l’origine si ce n’est que la description que fait Joseph Zobel dans son ouvrage Le laghia de la mort . Nous étions un petit peu intrigué car nous retrouvions dans nos enquêtes « laghia » et « ladja ». Cette étude nous permet d’avancer plusieurs hypothèses :

I- 1- Une hypothèse culturelle * La majorité des anciens qui nous ont parlé du laghia comme madame Pascale TISPOT du Marin, monsieur Loulou BOISLAVILLE, monsieur Saturne SATURNIN, nous disent que « ladja » vient d’une déformation de « laghia », mais qu’avant ce qui se disait c’était « laghia ». En acceptant cette hypothèse, nous en trouvons une autre qui expliquerait bien des choses. De toutes nos recherches, n’ayant rien trouvé sur le ladja, et fort du fait que Joseph ZOBEL avait écrit « laghia » dans son ouvrage Le laghia de la mort33 nous avons suivi cette direction. Le terme « laghia » apparaît à la page 554 du Tome 2 de « Nation nègres et cultures écrit par Cheik Anta Diop, dans le paragraphe intitulé Morale engendrée par les conditions économiques : « La fonction de guerrier provoquant le sentiment de l’honneur militaire à son plus haut degré, la témérité était une des plus hautes valeurs morales sinon la plus haute de la société africaine. Au Cayor, en particulier, un dorobé qui survivait à une défaite, était déchu de son titre de noblesse : tel fut le cas de Damel Madiodio qui, vaincu par LAT DIOR (au temps de Faidherbe) ne se suicida pas. Cette période de la chevalerie africaine est appelée dans la tradition sénégalaise, époque lag- ya. La générosité était aussi considérée comme une valeur morale essentielle ; à tel point que la tradition rapporte qu’un lag ne pouvait tout seul croquer une noix de cola sans déchoir : en cas de solitude, quand il n’a personne avec qui partager, il est tenu de jeter l’autre morceau. An niveau du peuple, la générosité prenait la forme pratique de l’hospitalité. Celle- ci était la meilleure forme d’adaptation aux conditions de vie de l’époque. Elle permettait à chacun de voyager dans une région ou un pays où on est totalement inconnu sans souci de nourriture et de logement (à une époque où il n’existait ni hôtel, ni banque). Cependant, d’un individu à l’autre, le degré de générosité était variable, selon la fortune, le tempérament, etc.… les raisons économiques de cette loi de générosité et d’hospitalité étant en voie de disparition, on a tendance aujourd’hui, à voir dans ces traits moraux, le reflet d’une nature morale spécifique du nègre. Cette erreur idéaliste qui consiste à ériger, en qualité absolue des valeurs relatives n’a été possible qu’avec la disparition et l’oubli des causes économiques et matérielles qui avaient engendré ces dites valeurs. »

Nous avons cité longuement ce passage. Il replace le « lag » dans ses conditions de vie, mais il nous apprend que : 33

1978, Présence Africaine, 1ère édition : Paris, 111 p.

Document diffusé par Manioc.org


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.