Drup danm

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50 sadiques. Tout ce qui permettait de déceler les intentions du maître et son comportement futur devenait très important. Le même type de comportement demeure entre le peuple martiniquais et l’autorité. C’est comme si nous étions des morts en sursis : ne pas montrer son visage devant une télé, ne pas parler de ses conceptions spirituelles, voire politiques et culturelles aussi. D’où tout le travail de suspicion qui a entouré au début notre liaison avec les anciens (dèyè oui, pa ni poutchi, sa ou pa konnet gran pasé’w…32). Ceci nous a été répété, raconté, expliqué quasiment par tous les anciens et notamment une grande personne aujourd’hui décédée, madame Siméline RANGON, qui, pourtant n’avait pas sa langue dans sa poche.

Pour en revenir à monsieur Joseph REGINA, ce qui nous disait était comme une bombe : nous n’avions jamais pensé qu’on pouvait danser le wolo. En ayant discuté avec lui, et lui ayant demandé comment se pratiquait la danse, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir qu’il nous l’expliquait exactement, comme la danse décrite par Katherine DUNHAM dans le dansé ladja et d’ailleurs filmée par elle en 1936, lors d’un voyage effectué en Martinique. C’est au cours de ce voyage qu’elle fit la connaissance du père de monsieur FRANCISCO qui l’a amenée, parfois à dos de mulet, dans des endroits où se pratiquait le lagya et qu’elle a pu filmer ces images si importantes pour nous aujourd’hui : les mouvements des hanches ; les béséba, les tournés avec les mains ouvertes, avec les bras écartés, les prises de distances et les rapprochements dans le jeu, les descentes rapides pour s’asseoir entre les deux talons et se relever comme un compas, ont été décrites par monsieur Joseph REGINA. Cela nous a laissés tout simplement perplexes, ébahis. Les récits de monsieur Joseph REGINA seront confortés par celui de madame BERGERIN Christine qui, parlant de sa grand mère, madame POCOLAM (encore vivante) originaire du Morne Balai, nous dira que celle – ci dansait le wolo et jouait au danmyé ; qu’elle était forte et qu’elle pouvait saisir les hommes, les soulever et les jeter à terre. Elle nous dira même que madame POCOLAM était d’origine Congo : son nom de départ était « MATENDA ». Le deuxième témoignage, c’est qu’à l’autre bout de l’île, dans des entretiens avec madame Eva ANDEOL, où était présent monsieur Jean- Noel COYAN, elle nous parlera du dansé wolo. Les gens dansaient le wolo en se roulant par terre, les uns après les autres. Elle nous décrira des gens qui se tiennent par la main, entraient, faisaient un grand cercle, et se mettaient accroupis en position pyramidale : accroupis, les coudes sur les genoux, les bras

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Etre d’accord avec quelqu’un n’implique pas de question / Ce que tu ne connais pas te dépasse…

Document diffusé par Manioc.org


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