Drup danm

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28 soi. Après, on pouvait plonger en grande coulée ou bien, on descendait doucement dans l’eau à la verticale. Quand on était en plongée dans l’eau, on pouvait surprendre l’autre au moment où il réapparaissait : on dit, en créole : i té ka anpéché moun-an lévé16 et on pouvait le surprendre par un coup de pied. Monsieur LAPORT Désiré, du Gros Morne, disait qu’il est indispensable, dans le rituel du ben démaré17 de faire le signe de la croix et d’envoyer l’eau sur soi ; c’est un peu une forme de baptême. Des jeunes respectent encore ces principes, sans en connaître le sens.

I- 3- 2- Les acrobaties Avant d’entrer dans la pratique elle-même, les gens étaient déjà en wolo par ce qu’on pourrait appeler des exécutions acrobatiques. Celles – ci, organisées en jeu, préparaient à la pratique du wolo. Nous pouvons témoigner qu’à chaque fois et, jusque dans les années 80, quand les jeunes étaient près de la mer, ils exécutaient ce qu’on appelle des prouesses acrobatiques. Elles représentaient des figures acrobatiques qui faisaient partie intégrante des jeux de jeunes. Exemples d’acrobatie qui pouvaient se réaliser sur le sable avant l’entrée dans l’eau : -

saute – mouton (en pouvait le faire en saut de main en prenant appui sur le dos du partenaire. A Sainte – Marie, le saute – mouton est appelé soté kada );

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Charles SICOT qui était un champion en wolo à Schoelcher, franchissait 1m75 en saut périlleux ;

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on pouvait prendre appui sur les deux mains et voler en exécutant le flip flap ;

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on pouvait faire les roues arrière, avant, sans les mains (on retrouve les mêmes pratiques dans la capoeira et dans le moringue réunionnais) ;

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Traduction : Il empêchait l’autre de sortir de l’eau. En extension de la définition de R. CONFIANT, qui explique dans son Dictionnaire créole martiniquaisfrançais que c’est un « bain désensorceleur, désenvouteur (que l’on prend, en général, le jour de l’an, à l’embouchure d’une rivière ou au bord de mer) », les anciens du danmyé(d’après les enquêtes de Pierre DRU et de Daniel – Georges BARDURY) précisent que ce rituel magico religieux sert à se protéger contre certaines attaques maléfiques ou tout ce qui a une influence mauvaise sur soi. C’est un bain qu’on prend tôt le matin, à la mer, à la lame battante, ou en haute mer ; on compte sept vagues avant d’entrer dans l’eau. Certains pêcheurs de Basse Pointe, du Macouba et de Grand Rivière laissaient sept vagues déferler sur le rivage, avant de partir au large. (Notons que dans les combats arrêtés du danmyé - nous ne sommes plus dans le ben démaré, mais nous faisons référence à la symbolique religieuse du chiffre sept - certains combattants faisaient sept tours dans la ronde avant de monter au tambour et certains, parmi eux, portaient une chaine autour du cou avec sept médailles). On prend ce bain aussi à l’embouchure ou dans des petits bassins de rivière. Dans ce dernier cas, on jette dans le bassin trois branches de l’arbuste qui vivra verra, puis après avoir pris son bain en laissant les branches dans le bassin, on peut se baigner plus bas dans le courant de la rivière. Ce bain se prend le jour de l’an, à la Saint Basile (le deuxième jour de l’an), le samedi gloria, la veille de la Toussaint, la veille de Noël, de façon coutumière et générale. Il peut être pris à tout moment de l’année, selon les besoins personnels. Il pouvait entrer dans la préparation des pratiquants de danmyé, du ladja et du wolo... 17

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