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19 De plus en plus, la culture du tabac laissa la place au développement des sucreries. Celles-ci

vont entraîner une véritable redistribution des terres. Les propriétaires qui

disposaient de moyens financiers purent s’acheter des parcelles et s’agrandir en absorbant les petites propriétés voisines. Ainsi, se constituèrent les premières habitations. La soif de terres nouvelles se fit vite sentir et l’ancienne répartition de la Martinique devient vite désuète dans la tête des colons. La main d’œuvre que la canne demandait était si abondante, qu’en 1654, elle ne pouvait se trouver dans l’île. Pour une habitation sucrière de 50 à 100 ha, faisant 100 000 livres de sucre par an, il fallait 40 esclaves. Dès 1640, on signale quelques noirs qui furent enlevés aux espagnols et vendus aux colons par des flibustiers. Avec l’extension de la canne, la poussée numérique d’esclaves noirs s’accentua. En 1664, la population de l’île comptait 2104 blancs et 2158 noirs. Le système esclavagiste prenait forme. La nécessité d’autres terres devenait cruciale. Et bien sûr, les colons regardèrent du côté des Caraïbes. La guerre se déclara à Grenade, à Saint Vincent, ceci avec la complicité des religieux Français. Les Français occupèrent Marie – Galante, Sainte- Alouzie et la Grenade. Les Caraïbes s’allièrent entre eux, au niveau de toutes les îles, pour riposter contre les Français : il y eu plus de 2000 Caraïbes sans compter des dizaines de nègres marrons. Le marronnage avait déjà pris une certaine importance. Ils lancèrent une attaque commune contre le Fort Saint Pierre. La résistance Française allait s’effondrer : elle ne dut son salut qu’à quatre navires hollandais qui revenaient du Brésil, après en avoir été expulsés par les hollandais. La mort de DU PARQUET en janvier 1658 favorisa le massacre et l’expulsion des Caraïbes dans la même année et la réquisition de leurs terres par les Français. Ceux – ci massacrèrent sans condition d’âge et de sexe, tous Caraïbes qu’ils rencontraient12. Armand NICOLAS écrit à la page 84 : « Il ne restait que quelques dizaines de Caraïbes, installés sur la côte Sud – Est de l’île de la Caravelle aux Salines de Sainte – Anne, mais ils ne tardèrent pas à être évincés par les colons qui occupèrent les lieux dans les années suivantes. Si bien qu’à la fin du XVIIe siècle, il n’y avait plus de Caraïbes dans l’île et aucun recensement ne signale plus leur présence. »

D’un point de vue général, on peut dire cela. La tradition orale délivrée par plusieurs de nos interviewés décrira la présence des Caraïbes, dans les camps de neg mawon. Ainsi, monsieur Jean TERRINE, citant le tanbouyé, surnommé Galfétè, son grand- père adoptif, dira que les femmes Caraïbes et les enfants se réfugieront dans les camps de neg mawon et laisseront quelques traces, entre autres dans la musique. D’autres (qui ne veulent pas être cités) comme monsieur Manuel MICHEL, parleront de la présence des Caraïbes, dans les

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.Armand NICOLAS, Histoire de la Martinique (p. 83-84).

Document diffusé par Manioc.org


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