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18 derniers, guerriers de la mer, qui occasionnaient de lourdes pertes aux espagnols des Grandes Antilles voyaient d’un très mauvais œil, l’arrivée de nouveaux colons français en Martinique. Si au départ, ils avaient appliqué les règles de l’hospitalité, ils voyaient de plus en plus les choses prendre une autre tournure : les colons construisaient des cases et leur nombre croissait. C’était là, les signes de la volonté de rester. Pour reprendre les termes d’Armand NICOLAS, « les Caraïbes eurent vite le sentiment d’être dépouillés et volés ». Ainsi les heurs se multiplièrent. De plus, ils savaient que les Européens intensifiaient leurs expansions dans les îles voisines qui étaient occupées les unes après les autres par les Anglais, Français ou Hollandais. La solidarité ethnique entre les Caraïbes des petites îles ne tardera pas à jouer. Et on les verra souvent se concerter pour faire face aux Européens et organiser la résistance. DUPARQUET, qui arrive comme gouverneur de la Martinique en 1637, considère que l’essentiel, en ce début de colonisation où les Français ne sont pas nombreux - environ 200 face aux 3000 Caraïbes - est de chercher à éviter la guerre et rechercher plutôt la conciliation. En 1638, début 1639, il signe avec les Caraïbes, un traité de paix qui partage l’île en deux partie,s dans le sens de la longueur : la côte Caraïbe aux Français, la côte Atlantique, la Capesterre aux Caraïbes. Cette entente durera plus ou moins bien jusqu’en 1654. La culture principale chez les colons sera le tabac ou encore pétun et la société est divisée en deux classes principales : celles des propriétaires, maîtres de cases qui forment la classe dominante et celle des engagés. L’engagé est un immigrant sans ressources et sans crédit qui désire trouver du travail aux colonies et s’y établir un jour comme planteur. Au début de la colonisation, la plupart des engagés sont des hommes. En 1640, il y a peu de femmes en Martinique : quelques Français ont épousé des femmes Caraïbes. On retrouve ces traces dans la tradition orale de la Martinique, car les flibustiers et corsaires français eurent aussi des rapports avec des femmes Caraïbes. Selon le grand – père du conteur Serge BAZAS, qui était aussi conteur, des créoles caraïbes étaient nés, parfois devenaient flibustiers et prenaient aussi quelques noirs comme esclaves. Les engagés étaient quasiment de véritables esclaves : ils étaient sans droit politique et sans droit civique ; ils travaillaient près de douze heures par jour, et parfois venaient de rafles pour ramasser des marginaux et des vagabonds quand l’engagement volontaire ne suffisait pas à répondre aux demandes. DU PARQUET deviendra seigneur, propriétaire de la Martinique, de Sainte- Lucie et de Grenade.

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